« Yaak Valley Montana » de Smith Henderson

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Ce roman qui met en scène une galerie de portraits avec un protagoniste essentiel se présente aussi comme un documentaire qui verbalise tout ce qui est vécu, une série de témoignages très bien rendus d’un monde déjanté en 1980.

Aspect sociologique : Yaak Valley Montana montre le coté sombre de l’Amérique profonde loin des paillettes et du fric où des gens primaires, des laissés pour compte, des familles brisées, des paumés sont sans avenir et rejetés par le système. N’arrivant pas à se gérer, les familles et les individus se disloquent, mettent en danger les enfants et sont emportés par la misère, la bêtise, l’embrigadement, les excès, la violence, les viols, les vols, les incestes, la prostitution, le proxénétisme où sexe, drogue, alcool, expédients sont monnaie courante. Cela rappelle les Indiens parqués dans leurs réserves. Une société dure, en difficulté, connaissant toutes les misères, intellectuelle, morale et sociale.

Aspect psychologique : l’angoisse, la douleur, la souffrance physique et morale de Pete ; la solitude de ce héros, Pete, non aidé, non soutenu par l’administration ; il exerce un métier particulier en lien avec la souffrance et surtout celle des enfants, souffrance bien décrite ainsi que la loyauté de cet homme et le respect du secret professionnel ; la culpabilité de ce père, assistant social aidant les enfants et n’étant pas capable de secourir sa fille ni sa femme ; son envie d’adopter d’autres enfants en souffrance pour palier au manque de sa fille ; Pete un homme sensible, généreux, altruiste qui essaie de comprendre sans juger ; la résilience de sa fille se laisse deviner, Rachel qui devient Rose et qui traverse les pires difficultés comme des épreuves, qui « wyomine », comme son père!

Un parallèle est fait entre cette société dure, perdue, en difficultés, allant à vau-l’eau, enfermée dans des croyances, des mouvements religieux, comme une folie identitaire et Pete qui lui-même est empêtré dans ces propres problèmes, dans ses relations avec la mère de sa fille, sa fille, son frère, le juge et d’autres et découvre que seule la prière peut l’aider et le sauver en le ramenant à un retour sur soi, à l’essentiel, à son intériorité.

Le suspense est bien rendu tout le long par les chevauchées, les recherches, les allers-retours de Pete et particulièrement lors de la troisième partie sur la disparition des enfants et de la femme de Pearl, à la recherche du meurtrier, comme un thriller.

Ce roman est apprécié par son aspect littéraire, un travail juste et percutant, avec une belle écriture dure et grossière, simple et directe. Elle accroche le lecteur, permet de rentrer dans l’aspect moche de la société américaine et retrace bien les tergiversations mentales. Des images crues.

Tout le monde a aimé les magnifiques descriptifs sur la nature de ce Montana immense, contrasté et dur.

Pour certains cela fait du bien de lire quelque chose de différent, pour d’autres trop long, des répétitions, redondant, fastidieux, glauque et contents d’en finir. Un roman déprimant, non réjouissant, mais non sans humanité dont on ne ressort pas indemne. Un premier roman !

Un questionnement sur les paragraphes relatifs à Rachel : est-ce le lecteur qui pose les questions ? et en même temps ces chapitres donnent des explications sur ce que traverse Rachel !

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