Adieu au lac Mère est le fruit d’une rencontre entre une anthropologue Christine Mathieu une des premières occidentales à avoir pu se rendre dans le pays moso et Yan Erche Namu jeune fille moso
Ce récit tout en racontant les premières années de Namu nous permet de pénétrer et mieux connaître cette minorité ethnique chinoise des montagnes de Yunnan, à la frontière sino-tibétaine, à 2700 mètres d’altitude. Les Chinois appellent le pays moso » le pays des filles « , car chez les Moso, les femmes sont chefs de famille, c’est une société millénaire qui a la particularité d’être matrilinéaire. Les Moso ont rejeté le mariage. Les unions sexuelles sont temporaires et les enfants appartiennent d’office à la famille maternelle. Pas de père chez eux, juste des oncles, des grands-oncles, des frères qui disparaissent la nuit pour visiter la chambre d’autres femmes dans le village, qui elles aussi élèveront leurs enfants avec l’aide de leurs frères. La société moso encourage la tolérance, le respect d’autrui et l’aide collective.
Namu a par hasard été repérée par un chef local de sa tribu moso pour ses talents de chanteuse. Adieu au lac Mère relate les seize premières années de la vie de Namu, sa relation houleuse avec sa mère qui a du mal à comprendre ses désirs de voyage et d’évasion, son ambition de voir le monde. Le livre s’achève sur l’aboutissement de ses rêves lorsqu’elle réussit un concours de chant et intègre le conservatoire de musique de Shanghai.
Le récit de l’apprentissage de Namu révèle à la fois des drames et beaucoup de beauté dans la vie dans les montagnes. A travers les yeux d’une enfant puis d’une adolescente fougueuse et fugueuse, on pénètre dans les alcôves où luisent au coin du feu les visages tannés, on goûte au thé au beurre de yack. Bien que reculée, les autorités chinoises au cours de la révolution ont tenté de mettre au pas cette société millénaire pour qu’ils se conforment aux lois uniques du pays.
Entre les efforts du jeune gouvernement communiste pour forcer les Moso au mariage monogame, complètement absent de leurs coutumes, entre le choc d’une jeune femme descendue des montagnes et passée des yacks à garder au conservatoire de Shangaï, nous avons tous été émerveillés par ce destin incroyable, la vie d’une société tellement différente de la nôtre, avec les risques que court celle-ci, confrontée au monde moderne qui la regarde comme une bizarrerie.
On ne peut être qu’admiratif devant Namu, sa volonté et sa persévérance à poursuivre son destin de chanteuse et de mannequin. Elle vite entre Pékin, San Franscico et Rome.
Unanimité sur ce livre qui a bien plu, un beau travail d’ethnologue, comme l(a dit l’une d’entre nous, ce n’est pas du Flaubert mais on note une sincérité dans le propos La vie de ces gens est faite de choses simples, sans nostalgie, une forme de sagesse Il y a respect de l’homme et une non-violence qui pourrait nous interroger.
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