Séance spécial été 2020

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Suggestions de lectures

Pierre : la comédie de Shakespeare« Beaucoup de bruit pour rien »  (Much ado about nothing) en appui à Jean Claude.  Avec son lot de malentendus, de malignité, d’ambivalence et de faux semblants, mettant aux prises deux couples dont un est sur la gamme comique alors que l’autre est pris par une grande passion. Les ressorts sont de même nature: comiques pour les uns, tragiques pour les autres, avec un final où tout s’arrange. Je trouve sa lecture très plaisante.

« Le Principe »de Jérôme Ferrari se concentre  sur la vie de Heisenberg (principe d’incertitude, prix Nobel 1932) resté en Allemagne sous le 3ème Reich et à la source d’une bombe atomique qui ne verra pas le jour. Le cas est intéressant à la fois pour la bousculade de la pensée de la physique classique par la physique des quanta et par la peinture de ce groupe de physiciens allemands fidèles au pouvoir nazi. Le livre n’est pas long mais quelquefois Ferrari se lance dans des phrases interminables, d’autres fois dans des phrases courtes et tranchantes. Même en prosodie on est incertain ! Une aventure intellectuelle et stylistique.

Juliette : « J’ai couru vers le Nil »de Alaa El Aswany appuyé par Maryse (« très dur sur le fond »)

L’auteur égyptien banni désormais de son pays à la suite de la parution de son livre nous raconte à travers une série de personnages, la révolution de la Place Tahrir.Engagements, lâchetés, trahisons, un volet de cette période égyptienne, où Moubarak renonça à son poste mais où le pouvoir ne changea pas de mains.Si vous avez aimé L’immeuble Yacoubian (que nous avions lu) puis Automobile Club, vous apprécierez ce roman qui cela ne vous surprendra pas est interdit de parution en Egypte.

Et le 2ème déjà proposé l’an dernier (mais je ne désespère pas que vous vous y plongiez un jour),un roman coréen à la fois violent et poétique par un écrivain dit de l’intranquillitéSeung-U Lee « La vie rêvée des plantes ». Ca parle aussi de plantes, roman déroutant, à conseiller et à débattre.

Et aussi si jamais vous le trouvez, un roman policier russe écrit en 1975 et publié en 1983: « 38 rue Petrovska » par Arkadi et Gueorgui Vainer. C’est l’équivalent de notre ex 36 Quai des Orfèvres où l’on traite les affaires criminelles. L’action se passe en 1945 juste après la Grande Guerre où un certain relâchement a eu lieu dans la poursuite des malfrats en tout genre. Le pays se reconstruit, les anciens héros de guerre sont affectés aux postes clés pour poursuivre et transmettre l’idéal communiste.L’intrigue commence par des petits faits divers (mise en jambes) se poursuit par la decouverte d’une femme assassinée et on soupçonne rapidement son ex-mari mais le noeud central est le démantèlement d’un.mysterieux gang du chat noir qui dépouille les entrepôts alimentaires et recourt aux crimes si nécessaire. Rapidement on comprend que ces deux affaires sont mêlées.Pour résoudre ces affaires deux personnages indissociables Chaparov jeune héros de 22 ans nouvellement affecté dans le service de Jeglov guère plus âgé mais qui a déjà une sacrée expérience et sert de mentor à Chaparov pour lui apprendre les ficelles du métier. Tous deux intelligents, rusés, vifs. On a droit à des échanges entre eux brillants, des stratégies souvent gagnantes. Si vous aimez les policiers, les romans russes, avez envie de plonger dans la période douloureuse de l’après-guerre – tickets de rationnement,  appartements communautaires. Tous les sentiments sont présents : idéalisme, altruisme, sens de l’honneur, fidélité mais aussi trahisons, lâcheté, cruauté, bassesse… bref si ça vous tente vous passerez un bon moment Petit bémol: j’aurais eu parfois besoin de décodage, vocabulaire, moeurs, rhétorique.

Lucie : un livre très original par son écriture notamment « A la ligne, feuillets d’usines » de Joseph Ponthus, qui sort en poche au mois d’août. Un livre qui prête à discussion, on aime ou on n’aime pas mais on ne peut rester indifférent à l’écriture qui mêle poésie et description du travail d’usine de conserveries de poissons et des abattoirs bretons, de la souffrance du corps, de la fraternité, de la colère, des plaisirs du dimanche… Tout comme Philippe Lançon la culture de ce jeune auteur le sauve. Cet ouvrier intérimaire connaît Apollinaire et des auteurs latins et dédie son ouvrage à Charles Trenet « sans les chansons de qui de qui il n’aurait pas tenu ». Un succès de librairie malgré le confinement il paraît en poche. L’expression  » A la ligne » s’applique à l’écriture et au travail d’usine

Yann : « Chanson bretonne » deJMG Le Clézio suivi de« L’enfant et la guerre », sorti il y a quelques mois qui se trouvera dans toutes les médiatèques. Quoi dire sur ce livre qui est toute douceur et magie des souvenirs d’enfance qui évoque la Bretagne où l’auteur n’a  jamais vécu plus que quelques mois chaque été, entre 48 et 54, mais pays qui lui a apporté le plus d’émotions et de souvenirs, un pays, une langue, sa musique , les chemins creux … les changements, l’effacement un monde, la guerre , la faim

« quand on parle de la faim, la plupart de temps ceux qui en parlent l’ont connue de l’extérieur. Mais je l’ai vécue de l’intérieur. La faim dont je parle, je l’ai ressentie pendant la guerre, je ne me souviens que d’elle. Non pas un creux,  mais un vide, au centre de mon corps, tout le temps, à chaque instant, un vide que rien ne peut combler, que rien ne peut rassasier … le retour du père et départ vers l’Afrique… L’Afrique va nous civiliser, c’est en Afrique, le continent considéré aujourd’hui comme oublié, que nous allons connaître pour la première fois la liberté, le plaisir des sens, l’abondance de la nature … mais aussi l’injustice fondamentale de la colonie …Beau et intéressant, beaucoup d’idées à discuter

Maryse :le premier tome de la trilogie de Jane Smiley « Un siècle américain »,  qui s’intitule « Nos premiers jours » (Payot-rivages en poche). C’est le début d’une saga familiale dans une ferme de l’Iowa dans les années 30.bAttention portée aux rapports parents-enfants et au monde agricole.

Joelle: un petit livre léger et drôle sur les méandres du ministère des affaires étrangères : « Le front russe » de Jean-Claude Lalumière

« Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu. Il me semble que Maryse en avait parlé. C’est un livre très fort, parfois hard, sur une jeunesse à la dérive dans un pays rongé par le chômage, la drogue, et qui tente de vivre la libération sexuelle.

Jeanne : pas forcément pour le club mais pour ceux qui s’intéressent à l’Inde – je vous propose un livre de Catherine Clément qui s’intitule « Indu Boy ». C’est sur la vie et la carrière politique d’Indira Gandhi, cette femme étonnante (Gandhi est le nom de son mari et n’a rien à voir avec le Mahatma). Cela peut éclairer (un peu) la vision que l’on a de cette femme, si difficile à cerner, fille de Nehru, le premier des Premiers ministres de l’Inde indépendante. Cela remémore aussi quelques événements survenus en Inde après Nehru. Encore un autre aspect de ce pays, avec un livre très différent de ce que nous avons lu précédemment.

Nicole G : Pour ceux qui aiment l’Histoire, j’ai envie de vous parler de ma découverte de cette année. Un auteur anglais, historien, C. J. Sansom a écrit une série de polars – 7  qui se déroulent sous le règne d’Henri VIII. Le héros est un avocat qui se trouve à travailler pour Cromwell puis l’archevêque Cranmer, et enfin dans le dernier volume pour la dernière épouse du roi, Catherine Parr. On y découvre les errements de la politique en matière de réforme religieuse, les effets économiques et sociaux de la dissolution des monastères catholiques, la corruption générale qui y trouva place, la révolte des catholiques de York, le conflit avec la France et enfin pourquoi Elisabeth 1 marque la fin de la dynastie des Tudors.  A la fin de chaque volume une note historique d’une vingtaine de page situe l’action du livre. C’est très intéressant mais je vous conseille si vous êtes intéressé de les lire dans l’ordre.

Un livre de Jane Austen. C’est pour moi une lecture rafraîchissante vers laquelle je me tourne lorsque rien d’autre ne me fait envie. Je propose donc le dernier livre qu’elle a achevé, « Persuasion ». C’est un roman assez court mais qui, de mon point de vue porte à la perfection toutes les qualités de J. Austen. Les personnages sont attachants et complexes. C’est très drôle par moment et l’émotion est toujours teintée d’une distance élégante. Une partie de l’action se passe non à la campagne ou à Londres comme dans les autres romans mais à Bath, la station balnéaire à la mode que l’auteur détestait. C’est aussi celui où la vie d’une « vieille fille » dans la société de cette époque nous est décrite avec toutes ses contraintes et obligations de convenances et de service. Un régal !

Je voudrais aussi proposer un livre de Fred Vargas. Encore un polar ! Encore des références historiques, mais bien différentes cette fois. Vargas explore toujours dans ses romans un aspect très particulier, la peste dans « Pars vite et reviens tard » (note de M : a été lu au Cercle), une légende moyenâgeuse dans « L’Armée furieuse » ou le phénomène des recluses dans son dernier livre « Quand sort la recluse » en intégrant ces références à une intrigue tout à fait contemporaine. Plusieurs romans présentent un groupe d’historiens plus ou moins bizarres, spécialiste l’un de la préhistoire, l’autre de la grande guerre et le dernier du moyen âge.

Sophie : James Baldwin : « Un autre pays », Pat Conroy : « Beach Music », Olivia Ruiz :« La commode aux tiroirs de couleurs », Daphne Du Maurier : « L’Auberge de la Jamaïque ».

« Contes » de Joseph Kessel,131 pages, petits bijoux à mes yeux, écrits avant ses 30 ans, entre 1926 et 1928, tirés de ses voyages effectués à la fin de la 1ère guerre mondiale, incisifs et profonds chacun faisant 4 à 5 pages.

Saga de Robert Lyndon en deux livres de 1000 p – 2 voyages, situés entre 1072 à la veille de la 1ère croisade et le 2ème neuf ans plus tard. Le 1erlivre, « La Quête » :  les héros partent de l’Angleterre, en passant par le Groenland pour finir à Constantinople à la recherche de faucons blancs pour libérer un noble fait prisonnier à Constantinople, c’est captivant et original, facile à lire néanmoins, malgré le nombre de pages,  Le 2ème livre, « Le Feu sacré »,la même équipe part neuf ans plus tard de Constantinople vers la Chine pour obtenir le « feu sacré »  – la poudre .

Jean Pierre : « Chez les Yan : une famille au cœur d’un siècle d’histoire chinoise» de Lan Yan. Saga familiale s’étendant du milieu du 19ième siècle à nos jours qui nous place au cœur même de nombreux événements qui mèneront de la dynastie déclinante mandchoue à la Chine d’aujourd’hui. Guerre de l’opium, s ac du Palais d’été, naissance du Kuomintang, rivalité entre Tchang kai Chek et Mao,…etc,etc. Un livre passionnant. J’ai aussi relu « Le Complot contre l’Amérique »de Philipe Roth et diverses nouvelles de Mishima.

Jean Claude : a lu notamment « L’énigme de la chambre 622 » de Joel Dicker.
Après l’affaire Harry Quebert, JoelDicker nous transporte des USA à son pays favori, la Suisse.
Il y mêle les sociétés des banquiers de haut niveau, des immigrés d’Europe de l’Est et des comédiens.
L’intrigue policière est prenante et sophistiquée,  difficile à lâcher. Le livre est dépaysant et agréable à lire.

Marie Josée : l’autobiographie de Woody Allen « Soit dit en passant  » pour les fans du cinéaste,  moi j’ai bien aimé. J’ai lu également « La vallée  » un auteur français de romans policiers excellents, Bernard Minier.

Myriam : « L’effet maternel » de Virginie Linhart (oui, la fille de Robert Linhart «  L’établi »).

Le livre peut être dérangeant par son coté très intime (c’est une bio pas un roman) mais j’ai trouvé ses propos très intéressants, qui nous éclairent de l’intérieur sur les familles dysfonctionnelles et l’impact psychologique qui en résulte.J’ai appris un peu plus aussi sur la vie de Linhart.

Je suis aussi en train de lire « Le serpent de l’Essex » de Sarah Perry que je lis en anglais.

Un roman sur fond historique, très bien écrit, qui se situe dans la société bourgeoise bien-pensante du 19éme, et qui traite de la place de la femme à travers l’expérience d’une jeune veuve éprise de sciences et féministe sans le savoir.

L’auteur décrit aussi de façon très belle, avec beaucoup de bienveillance, l’enfant «différent» – probablement autiste – de l’héroïne, et j’ai été convaincue par ce dernier point, habituellement peu traité en littérature.

Michele : Jonathan Coe« Le coeur de l’Angleterre ».Comment en est-on arrivé là? C’est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le cœur de l’Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d’une nation en crise. Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s’engage dans une improbable carrière littéraire, sa sœur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n’aspire qu’à voter en faveur d’une sortie de l’Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce.

Vie de Gérard Fulmard de Jean Echenoz (éditions de Minuit)Viré de son emploi de steward, Gérard Fulmard décide de se promulguer détective privé. Sans aucune expérience, il se retrouve embarqué dans une drôle d’affaire et, à son corps défendant, devient homme de mains d’un parti politique, dans des circonstances qui ne vont cesser de lui échapper. Dans le genre polar mais complètement décalé et loufoque, roman délicieux et drolatique à savourer pour ses qualités d’écriture.

« Propriété privée » de Julia Deck (éditions de Minuit) peinture hyper réaliste de notre époque avec ce couple de bobos qui a choisi de quitter Paris pour un îlot de tranquillité dans un éco-quartier en grande banlieue mais que des évènements étranges vont secouer. Satire sociale et variation sur le couple, écrite de façon sarcastique.

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