De plus en plus de livres témoignages voient le jour. Comment les classer ? Pas vraiment des romans, et pourtant à partir du moment où on fait appel à sa mémoire, celle ci déforme nos souvenirs. Deux livres portés par une superbe écriture, décrivent pour l’un d‘entre eux, un monde qui disparait dramatiquement, pour l’autre un monde qui n’aurait jamais dû exister.

Le premier Tableau Noir est un tout petit texte de Michéle Lesbre qui résonne pour moi car si je n’ai pas autant exercé que son auteur, j’ai suivi la même formation à l’Ecole Normale d’institutrices et enseigné quelques années avant de suivre une autre voie.

J’ ai retrouvé dans ce texte l’école libre et joyeuse, que j’ai un peu connue , une époque où nous construisions ensemble avec les parents le lieu d’apprentissage de la vie, puis cette époque a commencé à vaciller, peu à peu les maîtres perdaient leurs prérogatives. J’ai suivi de loin les dérives et le désarroi de jeunes enseignants en manque de formation sérieuse, comme celle que j’avais suivie , les réformes à répétition de plus en plus incohérentes et inadaptés, apportant son lot de souffrances et de surcharge administrative au détriment du contact avec les élèves.

Oui «  l’école laïque et républicaine a perdu au fil du temps le rayonnement qu’elle avait » et c’est un véritable tableau noir de l’Education nationale que l’auteur nous peint.

La familia grande de Camille Kouchner est en quelque sorte sur le même modèle , au départ une histoire « d’une grande famille qui aime débattre, rire et danser, qui aime le soleil et l’été » et un jour tout bascule, dérape, la liberté sur tous les plans étant dans l’air et de mise, revendiquée par cette classe sociale au dessus des lois, insouciante, qui se permet tous les excès et ne fait aucune frontière entre adultes et enfants; ce qui pouvait être prévisible a surgi.  Il y aurait tant à dire, sur cette époque, excès de la liberté des mœurs, oui en partie, mais cela touche aussi tous les milieux, espérons que ce témoignage poignant agira pour un réveil des consciences , et une libération de la parole, quels que soient les contextes.