« Mon traître » suivi de « Retour à Killibegs » Sorj Chalandon

with Aucun commentaire

Pour cette séancenous avions choisi 2 ouvrages de Sorj Chalandon.  Mon traître , paru en 2007, précède  Retour à Killibegs paru  en 2011.

Le contexte : le conflit Catholiques / protestants de l’Irlande du Nord

Les personnages  principaux :

  1.  Antoine , luthier , parisien  s’enthousiasme pour ce conflit et souhaite s’engager aux côtés des activistes de l’IRA.
  2. Tyron Meehan activiste de l’IRA adulé dans son pays,  tour à tour Chef, héros,  puis traitre  finira en paria.

Mon traitre raconte la rencontre entre Antoine, l’amitié qui les lie dans une filiation père / fils, l’engagement d’Antoine pour la cause de l’IRA , puis la stupéfaction de la découverte de la trahison de Tyrone  . Antoineest  fasciné par Tyron, personnalité charismatique, véritable héros national, un combattant de la première heure, plusieurs fois arrêté puis emprisonnés dans les geoles anglaises. Un jour Antoine apprend sa trahison, (pendant près de 25 ans Tyrone a fourni des renseignements aux anglais), Antoine est  anéanti  et se déplacera  à nouveau en irlande pour rencontrer celui qu’il nomme tout au long du livre Mon traitre sans donner son nom . Il cherche à comprendre les motivations, à avoir des explications qu’il n’aura pas « Personne ne nait tout à fait salaud, petit français . le salaud c’est parfois un gars formidable qui renonce » .Regarde moi et dis moi ce que tu crois » . « Jene sais plus » . »Tu ne sais pas grand chose » . «  Jene te dois rien, petit français, je ne dois rien à personne. J’ai merdé, fils , j’ai fait ce que j’ai fait et cela m’appartient » .

Retour à Killibegs n’est pas une suite , plutôt un complément qui remet en perspective les évènements tels qu’ils se sont passés, comme une sorte de récit de Tyrone.  Le livre retrace l’itinéraire de Tyron, depuis son enfance , avec un père violent, engagé lui aussi dans la luttre contre l’oppresseur, l’occupant,  puis décrit ses années de lutte , de détention, les années Thatcher, la grève de la faim de certains combattants dont Bobby Sands ; les scénes des prisons anglaises sont particulièrement éprouvantes : les prisonniers refusaient pour la plupart de révetir les tenues de prisonniers et vivaient nus dans un état de crasse , sous des couvertures de fortune au milieu de leurs excréments . Tyron se marie avec Sheila  résistante elle aussi qui lui restera fidèle jusqu’à la fin. Leur fils s’engage également dans la lutte et se fait emprisonner pour une longue période. Tyron passe de combattant à chef de la lutte, héros national,  puis traitre et paria .

Lecture dans l’ordre, pas dans l’ordre de parution, relectures pour certaines, découverte de l’auteur, tous types de cas ,   l’auteur a été unaniment salué pour  ses qualités d ‘écrivain sur deux registres différents. Si on devait résumer le théme de ces 2 ouvrages on pourrait dire qu’il s’agit d’une double trahison : celle de Tyrone vis à vis de son peuple et celle vis à vis de Antoine, son ami français.

Les deux  romans ont recueilli des avis plutôt positifs , voire très positifs et  parfois  nuancés, certaines ont  préféré  Mon traitre jugé plus intimiste , troublant avec une écriture plus fluide, plus linéaire. Retour à Killibegs  étant surtout perçu comme un ouvrage, historique,  retraçant les événements du conflit avec quelques  longueurs, voire des diificultés à suivre les événements décrits. L’ordre de lecture a peut être orienté le jugement porté sur les livres. Il est vrai que lire uniquement Mon traitre pouvait suffire  à qui s’intéressait essentiellement au théme de la trahison entre deux amis indépendamment d’un contexte :         amitié entre un homme encore jeune « le fils » et son père de substitution  qui a une véritable stature de héros découverte de la trahison , analyse de la situation.   Retour à Killibegs  est apparu éclairant pour cet épisode tragique de l’Histoire Irlandaise , si proche de nous , que les anglais qualifiaient de troubles alors qu’il s’agissait bien d’une guerre civile.L’une d’entre nous a été dérangée par l’absence d’explication de ce qui avait bien pu enflammer le luthier pour s’engager auprès des combattants de l’IRA.

Beaucoup d’entre nous ont été émues par les personnages, par les liens de fraternité et de solidarité qui les unissent, et aussi frappées par le rappel de la misère régnant dans les milieux catholiques.

Nous avons eu une longue discussion autour de la trahison de Tyrone. Etait il en capacité de résister au piège tendu par les anglais ? Etait il libre de son choix ?  L’auteur ne cherche pas à l’excuser mais ne le condamne pas non plus. Il souligne que Tyrone était las de cette guerre. Sa mort est vécue comme une libération.

Répondre