« Il y aurait d’un côté les filles fusionnelles avec leur mère , éperdues de caresses et de mots tendres, . De l’autre, les filles amoureuses de leur père. Celles ci sont vigilantes et distantes , gardiennes d’un secret qu’elles savent garder »
Dans un précédent roman , « Souvenirs de la marée basse », Chantal Thomas avait rendu hommage à sa mère, une femme fantasque, obsédée par la natation, au point d’en faire une fixation, une nécessité et de bouleverser sa vie au quotidien. Ici elle rend un vibrant hommage à son père trop tôt disparu, un père qui n’entre en scène qu’au milieu du livre après une évocation de son enfance , plutôt joyeuse entre ces deux parents où perce une absence totale de communication..
L’auteur (je ne me résous pas à écrire autrice , mot qui sonne mal ) commence dans « De sable et de neige » par égrener ses souvenirs, comme les grains de sable, d’Arcachon où elle vécut, de la plage d’Arcachon , de ses années scolaires , enfant rebelle et rétive aux contraintes du par cœur, avec des séjours à la campagne en Charente.
Les livres souvenirs sont un peu comme les romans photos de voyages que vos amis ou parents tiennent absolument à vous montrer qu’au bout. Se sent on concerné ? Qu’est ce que cela nous apporte ? Il faut que la prose en soit particulièrement travaillée pour que cela nous enchante ou alors que les lieux soient connus et vous renvoient à vos propres souvenirs. C’est un mélange des deux qui m’a fait apprécier ce texte où perce une nostalgie, une ode à la vie, aux découvertes, aux voyages.
Le père entre subrepticement dans le livre avec une scéne de pêche, l’enfant ne pose pas de question et exécute les gestes que lui demande le père. Les liens avec son père sont en rapport avec des activités physiques : la pêche, la marche, la découverte du ski sur les aiguilles de pin de la Dune du pilat, les séjours de ski de neige nombreux mais se résumant à un seul car prévisibles, répétés et sans surprise si ce n’est la joie de la glisse. Elle partage avec lui la plupart des moments de loisir mais son absence ne lui manque pas en dehors car « « Je vis très bien sans lui puisque l’amour entre lui et moi a la force indestructible d’un secret, mais lorsqu’il est dans les parages, je suis happée par sa présence »
De son enfance , lui est resté un formidable appétit de vie interrompu parfois par un fond de mélancolie après la mort de son père , mort trop jeune , un père « mort de silence » mais qui n’a pas entamé sa soif de voyages, de découvertes comme s’ils venaient à la fois combler un vide et les voeux irréalisés de son père . Vient alors le temps figé du deuil impossible « une partie de moi cachée est devenu pierre, l’autre a fait de justesse un pas de côté et a rejoint le courant de la vie, sa merveilleuse fluidité : pêcher, faire du bateau, tennis marche rayées d’un trait mais pas le ski. »
Le voyage procure des sensations d’emballement comme si elle y restait pour toujours il y a des lieux ainsi où on on l’impression de s’y installer au moins pour quelque temps et qui sont faits pour nous (Kyoto, Cuzco. .).
Un livre qui se savoure autant par l’écriture que par les superbes photos qui l’illustrent : photos de famille, photos d’Allen S Weiss d’Arcachon à Kyoto, ,estampes.
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