Autant dire tout de suite, je suis une inconditionnelle de Jean Philippe Toussaint, quelle que soit l’histoire ou la non histoire qu’il raconte, j’adore son style d’écriture. Et quand on appelle un roman « Les émotions » ce dernier avait tout me plaire. Il a correspondu à mes attentes et je ne saurais expliquer, un je ne sais quoi,  pourtant le livre est bizarrement construit, il raconte trois épisodes de la vie du narrateur avec quelques retours en arrière , la chronologie n’est pas vraiment respectée. Un chiffre trois qui permet de mettre en lumière le thème du centre, central d’ailleurs puisqu’il narre l’enterrement du père, ce père respecté, vénéré dont le narrateur a pris la suite en étant aussi commissaire européen.

C’est aussi l’occasion de passer en revue tous les registres des émotions puisque le narrateur les éprouve toutes, beaucoup de surprises, surtout dans la dernière partie, beaucoup de joie aussi autour de multiples rencontres et autant de ruptures.

Jean Detrez le narrateur va assister à un séminaire de prospective avec des experts du monde entier. Sa femme l’a quitté, le mariage partait à vau l’eau.  Deux méthodes s’affrontent : querelle d’anciens et de modernes. Le narrateur prend du recul et est attiré par sa voisine ,lettone pleine de charme. Très vite nait une complicité  et quand le narrateur pense conclure , la belle se dérobe, et c’est pour finir au bar complétement ivre en compagnie d’une co/organisatrice du colloque, la fin passe aux oubliettes.

Au 2^ème chapitre, le narrateur apprend la mort de son père, comme lui autrefois il était commissaire européen. La vie défile, les souvenirs surgissent : le frère du narrateur architecte ayant repris le flambeau du grand père et de l’arriere grand père , responsable du chantier de Beylemont où se retrouveront successivement le père de Jean et Jean. La 2^ème femme n’assiste pas à l’enterrement, elle a un alibi, elle part aux sports d’hiver, la 1^ère italienne mère de son 1^er fils est présente et Jean retrouve sa fougue de jeunesse.

Puis le 3^ème volet aborde un exemple de sujets complexes traités à l’Europe : la crise de l’aviation civile au moment de l’éruption du volcan islandais l’Eyjafjöll en 2010. Beaucoup de tension, quelle que soit la décision, elle sera mauvaise et inadaptée. Peur de la mauvaise décision, faut il interdire les vols commerciaux au risque de plonger les compagnies dans le rouge, autoriser les vols au risque d’un accident ? laisser la décision aux compagnies au risque de se défausser et passer pour incapacité à prendre des décisions. Les réunions s’enchainent, les tensions montent, Jean se retrouve attirée par une correspondante espagnole séduisante et aussi sous tension que lui.

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