« Arène » Negar Djavadi

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Arène - Négar Djavadi • Éditions Liana Levi

L’auteur présente son dernier roman « Arène » comme une fresque sociale où se croisent une vingtaine de personnages qui n’ont aucun lien entre eux et pourtant à partir d’un fait divers banal (perte d’un téléphone portable) sont entrainés souvent malgré eux dans une sorte de spirale et d’engrenage où certains ne sortiront pas indemnes.

C’est à la suite de son premier roman « Désorientales » qui a aussi été le premier livre proposé dans ce tout jeune club lecture, que nous avons proposé ce roman. Quand on aime un livre d’un auteur, nous avons tendance à le suivre. L’auteur habite ce quartier de l’Est parisien à cheval sur plusieurs arrondissements, un quartier d’immigration où règnent quelques gangs, trafics en tous genres, une violence sourde, des jeunes désabusés, une ambiance très particulière.

Si pour certaines, ce livre foisonnant  est une prouesse littéraire, aimé sur le fond et la forme, d’autres plus nombreuses l’ont trouvé désespérant, peu optimiste, « entre haine et violence » et qui « plombe le moral ».

Alors quel est le point de départ de l’intrigue ? Le personnage principal Benjamin a tout pour lui : un beau poste envié dans le cinéma, Directeur de Be Current (séries américaines) certes fragile, il peut déplaire très vite et perdre son job mais pour l’instant, tout va bien pour lui. Il est marié à une brillante jeune femme qui attend leur premier enfant. Un soir alors qu’il vient  de rendre visite à sa mère, son portable disparait dans un tabac de Belleville. Bousculé par un jeune à la sortie, il se surprend à le poursuivre , convaincu qu’il est l’auteur du vol. Le lendemain, une jeune ado filme une scène sur le canal Saint Martin à hauteur de la Grange aux Belles. Une jeune femme flic d’origine turque donne un coup de pied à quelqu’un étendu à terre, pensant avoir affaire à un SDF. Il s’agit du jeune poursuivi par Benjamin et il est mort. Règlement de comptes quartier, entre gangs est le 1er motif qui vient à l’esprit. Benjamin est- il l’assassin ? Ce dernier informé devient nerveux, il est sûr de ne pas avoir été vu la veille et peu de chance que l’on remonte jusqu’à lui mais  il reste un risque. Lors d’un échange avec son patron à NY, il reçoit l’appel s’une jeune femme lui mettant le marché en main : le portable contre 1600 euros. C’est le début d’une escalade. Le film vidéo de la jeune ado est monté de manière à montrer la sauvagerie de la police et tourne en boucle sur les réseaux sociaux.  La jeune femme flic est arrêtée, démise de ses fonctions et sauvagement interrogée par ses ex collègues. Les mères du quartier s’inquiètent pour leur progéniture. La Place du Colonel Fabien s’enflamme, émeutes avec renforts de jeunes de banlieue. Dégâts collatéraux, Amir le jeune afghan recueilli par la mère de Benjamin disparait. Scène punitive auprès de la jeune femme flic mais erreur sur la personne, c’est une jeune étudiante sri lankaise qui est tabassée et laissée pour morte. D’autres personnages troubles interviennent dans l’histoire. Que dire de tous ces couacs en série ?. D’un simple vol de portable, un quartier entier s’est embrasé. Tous les personnages de ce roman font les mauvais choix . Benjamin se trompe de cible, le jeune n’avait pas volé le portable, la jeune femme flic exemplaire et pleine d’humanité fait une geste interdit, juste pour montrer à ses collègues qu’elle « assure » sous l’œil de la jeune ado qui immortalise la scène. Cette dernière contactée pour filmer la scène punitive ne sortira pas indemne. Une candidate aux élections fait la tournée auprès des mères pendant que son quartier s’enflamme.

Tous les personnages agissent sans arrière pensée et sans mesurer la conséquence de leurs actes.

L’une d’entre nous qui a vécu longtemps dans le quartier est sortie du roman, déprimée par le récit qu’en fait l’auteur.

Beaucoup de sujets de réflexion : rôle et usage des réseaux sociaux, désœuvrement des jeunes qui succombent aux drogues, et leur trafic, actes de discrimination, rôle difficile de la police pour des jeunes issus de l’immigration. L’une d’entre nous a eu l’impression de lire les actualités quotidiennes. Pour une autre, « cette vision du monde écrite par une femme en empathie avec certains personnages féminins, a tout d’un roman de Houellebecq« .

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