« L’inconnu de la Poste » Florence Aubenas

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L'inconnu de la poste - Florence Aubenas - Audiolib - CD Audio - La Machine  à Lire BORDEAUX

Florence Aubenas, auteur mais avant tout journaliste s’est intéressée à un fait divers non élucidé, le crime d’une employée de la Poste dans un petit village près de la frontière suisse.

 Unanimité autour de cet ouvrage mais pas forcément pour les mêmes raisons. Plusieurs lectures possibles, certaines d’entre nous ont noté  l’ affaire non élucidée comme il y en a tant en France , un polar en quelque sorte,  d’autres ont mis en avant le décor d’une France rurale, délaissée,  jadis florissante et désormais sinsitrée , d’autres encore  y ont vu un  livre pour réhabiliter la mémoire de Gerald Thomassin acteur à fleur de peau , soupçonné du crime car marginal, et pour qui, cela ne nous a pas échappé, l’auteur éprouve beaucoup de bienveillance .

Florence Aubenas a précisé que ce n’était pas une biographie mais transparait cette relation particulière qu’elle a pu avoir avec lui. Gerald Thomassin, n’a plus donné de signe de vie sepuis 2019. 2008 est l’année du  crime, 5 ans après a eu lieu sa mise en examen et incarcération,  et en 2019 : relaxe et sa disparition.

Une occasion pour l’auteur  de décrire une petite ville de la France rurale, Montréal-la-Cluse, au coeur de Plastics Valley en crise depuis les années 1990 puis carrefour de la drogue entre la Suisse et l’Italie. C’est un livre de journaliste qui mène son enquête et rappelle parfois les compte rendu de plaidoiries dans le style, elle livre des informations parcellaires par petits bouts de phrase pour donner ‘impression générale. Son ouvrage aurait fait un excellent roman, tant règne la confusion entre réalité, fiction , biographie mais c’est bien dans la vraie vie que ce fait s’est déroulé.

Nous nous sommes attachées (sans jeu de mot) à  commenter   le destin de  Gérald Thomassin, on découvre un enfant de la DDASS que le cinéma n’a pas sauvé, dont le parcours chaotique de marginal entre drogue, alcool et RSA, en a fait un parfait coupable. « Attachant et décourageant » comme le décrit le cinéaste Jacques Doillon qui l’a fait tourner plusieurs fois dans ses films, toujours dans des rôles proches de sa vie.
Mais au-delà de la trajectoire tourmentée de Thomassin, l’auteur donne vie  à tous ces protagonistes qui n’ont pas l’habitude de se raconter ou d’être racontés :  les copines de la postière assassinée, qui ce jour là , fatalité n’étaient pas fidèles au rendez vous matinal, les Dalton Tintin, le père de la victime notable local qui obsédé par la recherche de l’assassin, se contente du présumé potentiellement coupable. Sauf que les preuves scientifiques contredisent  l’intime conviction de départ .  Et s’ouvre alors tout un champ de possibles,  comme dans beaucoup d’affaires criminelles qui durent : fausses pistes, rebondissements, pression  populaire,  appel à des ténors du barreau.  On regrettera que certains personnages clés n’aient été plus approfondis : l’ex mari, le nouveau compagnon.

Un choix de l’auteur qui s’est concentré sur les deux personnages principaux : Catherine la victime et le coupable « idéal ».

Beaucoup d’entre nous ont apprécié le vrai travail de journaliste et certaines ont souligné que Florence Aubenas aime les gens , aller à leur rencontre, surtout les « invisibles » ceux qui s’expriment rarement. Respectueuse , elle exprime une  forme d’humanité, trop rare de nos jours .

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