« Le ghetto intérieur » Santiago H Amigorena

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Le Ghetto Intérieur   de Amigorena Santiago H.  Format Beau livre

Vicente Rosenberg a fui la Pologne, direction l’Argentine, en 1928. Il voulait s’éloigner de sa mère en particulier.  Il laisse ainsi son frère aîné, et sa sœur mariée à un communiste convaincu.  Vicente s’est senti profondément polonais quand il s’est engagé dans l’armée où il a été promu capitaine. Il adore la langue allemande. Il n’a pas hésité cependant à tout quitter, pour fuir sa mère, pour fuir le pays sentant que la situation se dégradait ? Sur ses motivations, nous saurons peu de choses. Parti de Varsovie avec son ami Ariel, et arrivés tous deux en Argentine avec Sammy dont ils ont fait la connaissance sur le bateau, ils formeront un trio uni et complice.

Désormais dans la capitale argentine, ils se retrouvent souvent dans des cafés, des lieux publics où règnent légèreté, joie de vivre et insouciance. Vicente se sent peu à peu devenir argentin.

Mais juif, non, rien ne le désigne comme tel.

Quand les premiers signes inquiétants arrivent avec des semaines de retard il ne veut pas écouter, n’y croit pas. Les mauvaises nouvelles font à peine l’objet d’entrefilets dans la presse américaine et personne ne semble réagir. Une barricade au centre de Varsovie encerclant tous les juifs ? Est-ce possible ? Sa mère ne l’évoque pas, juste quelques difficultés.  Alors que croire ?

Lui-même a fondé une famille avec Rosita, il est heureux, 3 beaux enfants en quelques années  qu’il adore et qu’il accompagne à l’école.

Sa mère lui écrit souvent de plus en plus fréquemment. Il répond quand il y pense, il ne voit pas que le ton change, ne perçoit pas les faibles signaux de détresse.

Trop occupé par sa nouvelle vie, il a fondé une famille avec Rosita, il est heureux, 3 beaux enfants en quelques années qu’il adore et qu’il accompagne à l’école. Il a ouvert un magasin de meubles fabriqués par l’usine de son beau-père. L’affaire marche bien.

Mais bientôt ce beau décor se fissure. Il se mure dans le silence. La culpabilité le gagne. Rosita ne sait plus que faire.

Alors un nouveau livre sur la Shoah? Non, c’est autre chose, c’est un livre sur l’impuissance, la culpabilité, et le silence qui en résulte car les mots n’arrivent pas à exprimer l’indicible.

 « Pourquoi jusqu’aujourd’hui j’ai été enfant, adulte, polonais, soldat, officier, étudiant, marié, père, argentin, vendeur de meubles, mais jamais juif ? Pourquoi je n’ai jamais été juif comme je le suis aujourd’hui – aujourd’hui où je ne suis plus que ça. »

Comme tous les Juifs, Vicente avait pensé qu’il était beaucoup de choses jusqu’à ce que les nazis lui démontrent que ce qui le définissait était une seule chose : être juif. »

Se murer dans le silence : tout est dit, il a construit son propre mur entre lui et les autres à l’image du mur du ghetto de Varsovie.

Un roman poignant, pudique, un véritable coup de cœur.

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