« Puissions-nous vivre longtemps »

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Le titre en anglais est un peu plus explicite « How beautiful we were » (Comme nous étions beaux).


Puissions-nous vivre longtemps est un livre engagé, il décrit les ravages d’une compagnie pétrolière dans un village fictif de l’Afrique de l’Ouest.
Contrairement à ce que l’on aurait pu penser dans notre groupe, ce livre n’a pas reçu d’enthousiasme démesuré. Apprécié sans plus sauf exception. Plusieurs raisons , souvent les mêmes reproches furent formulés.


Le livre démarre ainsi et tout est dit  » Nous aurions dû savoir que la fin était proche. Comment se fait-il que nous ne l’ayons pas su ? Lorsqu’il s’est mis à pleuvoir de l’acide et que l’eau des rivières est devenue verte, nous aurions dû savoir que bientôt , notre terre serait morte. En même temps, comment l’aurions-nous su alors qu’ls ne voulaient pas que nous le sachions? …Ils nous ont dit que nous devions avoir confiance« .


Un thème souvent abordé . L’auteur camerounaise vit actuellement aux Etats Unis. Elle a mis en scène un village imaginaire de l’Afrique de l’Ouest qu’une multinationale américaine ,spécialisée dans l’extraction de pétrole a décidé d’exploiter. Le Dictateur du pays, « Son Excellence » a passé des accords avec la société américaine au détriment de sa population. Qu’importe que la mortalité infantile ait cru brutalement suite à la pollution des terres , que la population souffre suite aux odeurs fétides, que des maladies mortelles apparaissent.


Les vieux ont accepté , ce destin en échange de promesses d’un avenir meilleur.
La génération qui a suivi a tenté d’obtenir un dialogue, des explications, des promesses de réparation, de négocier. En vain on les a reçu à la ville la plus proche et puis ils ont mystérieusement disparu.
La nouvelle génération est loin de vouloir baisser les bras quitte à recourir à la violence. Elle souhaite se donner les moyens de se défendre, même si la lutte fausses promesses, de e semble perdue d’avance : que de fausses promesses, faux espoirs, de délais demandées pour que les choses s’arrangent et décourager les plus engagés.


C’est alors qu’intervient Thula, la magnifique Thula, petite fille de Yaya toujours en vie qui malgré son grand âge veille à l’harmonie de la famille décimée depuis la mort du grand père de la disparition du père. Thula, espoir de tous, brillante éléve qui sacrifiera sa vie à la cause.


Le thème a suscité méfiance, exaspération , un thème trop souvent évoqué et pas qu’en Afrique (Brésil, Liban , l’expropriation des terres , la main mise de conglomérats souvent américains faisant fi des lois locales mais toujours en limite de la légalité dans leur pays est tragique et semble insoluble : pot de terre contre pot de fer. On notera que l’auteur s’ingénie à ne pas opposer bons d’un côté et méchants de l’autre, c’est beaucoup plus complexe car la population lasse de tous ces atermoiements est prête à basculer dans les compromissions, les sirènes du capitalisme et des arrangements.
Malgré l’intervention des media, d’associations internationales humanitaires, rien ne bouge, on est solidaire de leur patience, on a envie de se révolter avec eux contre l’hypocrisie, l’attentisme, le cynisme, c’est une lutte sans fin, usante, désespérante , une lutte inégale et le plus patient ne peut que baisser les armes.
C’est ce côté désespérant qui a atteint certaines d’entre nous. Un profond sentiment d’impuissance . Oui nous savons mais que faire ?
Parmi les points unanimement soulignés : le formidable portrait de Yaya qui a tout connu et la seule à avoir tout compris et d’une manière générale le portrait des 3 femmes.
Si toutes ont souligné le nécessaire récit – témoignage de ce que vivent ces populations, il n’en est pas moins ressorti que la lecture fut parfois rendue difficile par les répétitions, le rythme lent , le point de vue systématique de toutes les parties prenantes à tour de rôle avec des répétitions a alourdi le discours.
Seul personnage qui a percé dans ce lot de lamentations : Yaya personnage lumineux, éclairé qui symbolise la transmission,
car que reste-t-il à transmettre quand tout disparaît ou meurt.


« Thula n’a pas balayé mes espoirs, elle m’a simplement fait remarquer qu’il était peu probable dans un pays comme le nôtre que l’on passe en douceur d’un gouvernement pitoyable à un gouvernement irréprochable. Notre nation n’avait pas les fondations nécessaires pour que cette transition se produise, par manque de constitution ; chaque pays doit se doter d’une déclaration émise par le peuple tout entier qui définit les contours du pays dans lequel il souhaite vivre afin de le bâtir ensemble.
« Trop d’hommes perdent la notion de leur véritable nature, ce qui conduit les plus avides d’entre nous à considérer le reste de leurs semblables comme un festin à dévorer. »
« On ne sait jamais, il arrive que des choses impossible se produisent, c’est toute la beauté de la vie
« 


« Voici venir les rêveurs » , son premier roman est recommandé par l’une d’entre nous.

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