« Le Point zéro » Seichô Matsumoto

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Comment définir le roman policier? Le genre littéraire du roman policier est centré sur l’évolution d’une enquête criminelle basé sur un meurtre ou une disparition.
Tous ces ressorts du roman policier sont présents dans « Le point zéro » mais ici ils ne sont que prétexte à une narration qui s’attache davantage à décrire une époque -clé de l’Histoire du Japon plutôt qu’à la résolution de l’énigme. Du Japon, on connait les traditions, la rigidité des codes sociaux, le raffinement mais aussi la modernité, leurs avancées technologiques. Peu de choses ont été écrites sur une période tabou, celle de la défaite de 45, et ses conséquences : humiliation, et impacts sur l’évolution des relations hommes-femmes.


« Le point zéro » se passe dans les années 50. Teika est une jeune femme effacée, sous la coupe de sa mère et comme cela se passait souvent à cette époque, grâce à un entremetteur, elle rencontre son futur mari Kenichi. ce dernier a tous les atouts en apparence du parfait mari : sérieux, employé dans une société de publicité, bien vu de sa hierarchie et de ses clients, promu à une belle carrière. Teika vit peu de temps avec lui car il travaille les 2/3 de son temps dans la région nord du Japon, la province de Kanazawa. Kenichi a obtenu une mutation au siège à Tokyo, et doit passer le relais à son successeur Honda mais il disparait.


Que lui est il arrivé ?


Avec l’aide de Honda, Teika va se révéler une véritable enquêtrice, accumulant les indices pour résoudre cette énigme et déployer des ressources insoupçonnées face au couple Murota, richissime donateur de la société qui emploie Kenichi et proche de Kenichi au point de l’inviter souvent à leur domicile. Kenichi ne donne toujours pas signe de vie mais les hommes qui le recherchent (son frère, Honda ) sont tour à tour assassinés. Teika se retrouve devant une affaire qui s’obscurcit de jour en jour et commence à douter de son mari, les non dits, ses comportements bizarres de son mari lui reviennent peu à peu.


C’est alors qu’une émission télévisée va faire l’effet d’un déclic dans la tête de Teika. Une émission qui évoque ce fameux passé trouble et tabou : les filles de joie surnommées les « pan pan » de tous milieux qui fréquentaient les américains après 45 « Cela a permis aux femmes de l’époque de rétablir leur confiance en elles.…Avant, les hommes japonais étaient extrêmement tyranniques et faisaient comme bon leur semblait. En fait, en regardant l’armée américaine, les femmes ont changé de point de vue à propos des hommes. Jusque-là, elles avaient fait preuve de servilité à leur égard. A partir de là, très vite, elles ont gagné en assurance.»


Alors quel lien entre ces pan pan et la disparition de Kenichi, je n’en dirais pas plus pour laisser le lecteur savourer comme moi cet excellent roman du Maître policier Seichô Matsumoto.


« C’était notamment cela, devenir une épouse ? Prendre conscience qu’une relation de dépendance s’était mise en place, et comprendre qu’il s’agissait des prémices d’une adaptation mutuelle ? »


« Teiko se souvenait de photos de presse de l’époque, qui montraient des filles entassées dans des jeeps comme des grains de riz dans un sushi
. »

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