« La malédiction Hilliker » James Ellroy

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Un roman surprenant qui m’a fait entrer dans un univers inconnu jusque là celui de James Ellroy.
Un roman très personnel, d’auto-analyse où l’auteur à la réputation sulfureuse , connu pour ses frasques , n’hésite pas à se livrer et à livrer ses fantasmes, ses obsessions qui tournent autour de sa femme idéalisée, il ne s’épargne pas, s’accuse de tous les maux, de tous les travers, se qualifie de désaxé aux convictions de Droite et croyant et viscéralement attaché à sa ville de Los Angeles qu ‘il quitte cependant par intermittences.
Né à la fin de la guerre, une mère infirmière Jean Hilliker, déjantée, adepte du Bourbon et de musique classique, un père hâbleur et paresseux, comptable de métier mais surtout looser au sourire d’escroc et qui se vante d’avoir séduit Rita Hayworth. Les deux parents se séparent alors que James n’a que 7 ans, il vit chez sa mère et quand celle lui demande chez qui il aimerait habiter, il ose lui répondre chez son père ce qui lui vaut une volée et provoque chez lui un violent désir de voir sa mère morte. Trois mois plus tard, sa mère est retrouvée assassinée, on ne retrouvera jamais l’assassin, l’enfant est dévasté , il rejoint son père mais n’aura de cesse tout au long de sa vie de se torturer sur sa possible culpabilité, et n’a de cesse que de faire disparaître ce qu’il appelle La Malédiction Hilliker (du nom de sa mère.)
Au décès brutal de son père commence pour lui, une vie d’errance, il zone, quitte l’école, vit dans la rue, dans des squats, fréquente des drogués, tombe dans l’alcool , surveille, épie les maisons friquées de Los Angeles pour surprendre les filles, les femmes.
C’est le début de ses obsessions féminines, il recherche Elle, l’autre. Il harcèle les femmes, parfois obtient des succès, et essuie beaucoup d’échecs. Il ne doit son salut qu’à une pneumonie qui l’oblige à cesser tout excès. Puis suivent six chapitres comme autant de scènes d’une même pièce, six femmes sublimées jusqu’à Erika, la dernière avec laquelle il vit toujours.


Que serait devenu Ellroy sans l’écriture ?


Serait il devenu le psychopathe, personnage présent dans ses romans, qu’il décrit si bien ? Voyeur, provocateur, désaxé, il a continué à l’être toute sa vie.


« Les histoires de mes premiers romans ont toute le même thème : un homme rencontre une femme et maintenant il passe à l’action. Elles reflètent ma vie d’artiste mineur et mes échecs d’égocentriste amoureux ».
 » Je suis craintif . Je suis autoritaire et mal élevé. J’attire les gens à moi et je les repousse. J’écris de façon obsessionnelle et avec une grande concision. Je suis croyant et j’ai des conceptions de la vie en société que vous trouveriez sans doute déplorables. Tout ce que je désire, c’est une intense communion avec les femmes et du temps libre pour rester seul dans le noir ».
« Notre relation se renforce par le biais de l’écriture. Notre thème principal, c’est le changement. La question est : comment chacun peut-il changer l’autre ? Vue de l’extérieur, ma vie n’est que succès et reconnaissance bien méritée. Ma vie intérieure n’est que tourment solitaire, ambition et désir jusqu’à l’obsession.
« Nos frasques sexuelles antérieures étaient des auditions pour nous préparer à une monogamie incandescente » en début de relation pour, quelques pages plus loin, découvrir, à propos de la même relation « la claustration entraîne le refoulement. Le refoulement couve et finit par exploser. Helen m’avait procuré du temps. Ce temps me permit de devenir fou à une allure modérée et hautement productive ».


Finalement ne serait ce pas le livre qu’il faut lire avant de se lancer dans son œuvre pour mieux appréhender les subtilités ? Car à travers les femmes de sa vie sur lesquelles il a fait une véritable fixation , obsessionnelle, pensant toujours que c’était Elle, la vraie, celle qu’il recherchait , on trouve un parallèle et un lien évident avec le choix de ses sujets de romans.

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