« Ida » Hélène Bessette

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Unanimité de nous toutes autour de texte ce texte très apprécié.
Hélène Bessette après avoir gagné le Prix Cazes dans les années 50 est tombée dans l’oubli. Ida une de ses œuvres les plus accessibles, est un cri parfois ironique, sur les conflits de classe. Ida a été servante toute sa vie, chez les nantis, les bourgeois engoncés dans leurs préjugés, leur fausse bienveillance. Ida est passée inaperçue, sauf après sa mort accidentelle, renversée par une voiture alors qu’elle regardait ses pieds et alors elle devint un sujet de conversation pour ses employeurs .
Ida est la domestique qui a osé se faire écraser sans prévenir alors qu’elle regardait ses pieds et que son rôle est d’être au service exclusif de ses maîtres. Ida doit être morte pour qu’on parle d’elle, qu’on la rende vivante, qu’on s’interroge sur elle, elle est un mystère pour ses employeurs.

« oiseau de nuit » c’est ainsi qu’elle se définissait , elle aimait arroser les fleurs en pleine nuit au grand dam de « Madame », Ida qui tient à avoir un beau manteau, plusieurs paires de chaussures.
Le texte est écrit dans un style à la fois sobre et « coup de poing, les phrases sont courtes en mode vers libres, parfois sans ponctuation excepté le point, phrases évocatrices, ou à l’inverse en style décousu ou énigmatique.


L’une d’entre nous a comparé Ida avec un texte de Susanne Mayer et une autre a évoqué « Une femme en contre jour » de Gaëlle Josse
Du même auteur lire « Si » drôlatique et féroce variation sur la question de la nécessité de vivre.

Quelques morceaux choisis


« vos pieds n’ont pas besoin de vous, Il y a 66 ans qu’ils marchent tout seuls. »
« la petite ida. … « noter Ida sans majuscule
 » Ida minuscule au milieu de tant d’autres.« 

 » Mais elle pouvait acheter des chaussures

30F 40 F 50 F .
Une paire de chaussures par mois.
Ce qui fait douze à la fin de l’année.
Quelque chose qui ressemble à un magasin de chaussures.
Ida pouvait acheter une bonne combinaison par mois
Elle pouvait acheter une série de blouses
La morte a laissé derrière elle une bonneterie en plein essor
Quelque chose qui ressemble à une bonneterie
Et,
bien entendu elle ne les portait pas. Elle n’en avait que faire. C’était en quelque sorte des réserves.la marchandise stockée. Elle ne portait rien. Et elle donnait tout
. »

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