« Le pays des autres » Leila Slimani

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Nous étions 7 et 6 absents ont envoyé leur avis. Juliette nous a rejoint pour le pot.
Lucie qui avait proposé le livre l’a présenté et expliqué pourquoi. A la différence du livre de Zeniter il s’agit d’une migration pour une femme française, Mathilde et d’un retour pour son mari, Amine, officier dans l’armée française, dans le Maroc des années cinquante.
Tous les présents et presque tous les absents ont aimé ce livre.
Ils ont trouvé les personnages crédibles et fouillés dans leurs contradictions, ambivalences. Amine est un moderniste, un bâtisseur qui après la désillusion sur la valeur et l’état de sa propriété va s’acharner à la rendre rentable, par contre sur le plan des moeurs, il respecte le schéma dominant : « ici c’est comme cela ». Les automatismes reviennent.
 Tout le monde fait des compromis, Amine coupe un arbre pour Noël et accepte que sa fille Aïcha aille dans une école chrétienne où se retrouvent des français et les enfants de la bourgeoisie marocaine. Il protège ses ouvriers de la brutalité de son ancien aide de camp Mourad, mais il marie sa sœur Selma à cet individu et, de fait, l’emprisonne. L’idée de prison mentale est revenue dans les commentaires.


Mathilde, mariée jeune et désireuse d’amour et d’aventure, va aussi être désillusionnée et inquiète mais va progressivement s’adapter à la dureté de ses conditions d’existence, se retrousser les manches, et se trouver une place d’infirmière à domicile après sa rencontre avec le médecin hongrois, dont on comprend qu’il espère refaire une vie au Maroc après les persécutions nazies. « Une vraie Alsacienne » selon Jean Claude.
Une des difficultés de la lecture réside dans le fait que nous ne savions pas tous qu’il s’agit du premier tome d’une trilogie et que la fin « laisse sur sa faim ». Ce livre ne se lit pas d’un coup, cela prend du temps.
Le contexte historique, un pays colonisé sous le statut d’un protectorat est évoqué, mais Amine et Mathilde semblent éloignés des évènements (les révoltes nationalistes, la brutalité des généraux français) qui secouent le pays et que Pierre a rappelé.
Le style de l’auteur a été décrit, comme facile à lire, très factuel et surtout la construction par « scènes » offre une écriture visuelle, qui peut augurer d’une adaptation sous forme de série. Michèle a eu une sensation de déjà lu.
L’idée du pays des autres est plus riche qu’il n’y paraît, puisque les Marocains peuvent se sentir vivre dans un pays colonisé et subir le racisme. (cf Aïcha dans son école).


L’auteure s’est inspirée de la vie de sa grand-mère Mathilde qui s’est installée au Maroc, après son mariage avec un spahi ayant servi durant la deuxième guerre mondiale, sinon le reste n’est pas autobiographique.

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