« Un automne de Flaubert » Alexandre Postel

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Un automne de Flaubert

L’auteur s’est appuyé sur des correspondances de Flaubert pour imaginer le voyage que Flaubert fit à la fin de sa vie à Concarneau et peindre un portrait un peu méconnu de l’écrivain.


Flaubert est déjà un homme dans la cinquantaine. Il a des soucis d’argent, il a tout légué à sa nièce pour leur éviter elle et son mari, une faillite. Il a des soucis de santé. Il est devenu acariâtre, inquiet, solitaire, il a perdu bon nombre d’amis, en un mot, il souffre, il souffre surtout de maux de l’âme, il sent qu’il ne peut plus écrire, on le presse d’aller se reposer en dehors de Paris, il déprime et décide de rendre à Concarneau face à la mer dans l’espoir de retrouver goût à la vie et surtout à l’écriture car il n’arrive plus à écrire. Il espère retrouver son ami Pouchet, Directeur du Museum et affecté à Concarneau pour étudier le comportement des homards, raies et autres poissons. Flaubert passe tous les matins au labo assister aux opérations de Pouchet. pendant quelques semaines, Flaubert prend des bains de mer , se promène parfois, s’empiffre de homards de matelotes de poissons, observe les pêcheurs, regarde son ami disséquer mollusques et poissons.

« Il entend au-dehors la rumeur de la mer, l’appel des goélands, une toile claquant au vent et, pareil à l’écho d’une fête lointaine, le murmure des voix humaines. Il reconnaît la musique des bords de mer, étrange et familière comme un rêve qui revient ; à mesure qu’il s’en pénètre dans le demi-jour de la cabine fermée, il éprouve le besoin de respirer, de s’accorder au rythme de la mer et du vent, de rompre les digues du chagrin. »


Le paralléle entre la dissection des poissons et crustacés et la création littéraire est un exercice d’écriture jouissif.
Flaubert assiste aux recherches de son ami, qui sonde ses poissons comme un écrivain ses phrases, il dissèque ses poissons, comme l’écrivain dissèque ses romans.

« Depuis Flaubert se plait à songer qu’il tourne ses phrases en même temps que les sardinières à quelques pas de là, étêtent, lavent, ébouillantent et emboîtent les poissons bleus que l’océan a jeté sur leur établi. Malgrè toutes les choses qui le séparent de ces ouvrières de la mer, c’est un sentiment de proximité qu’il éprouve.L’activité de ces femmes n’est pas si différente de la sienne : de même que la sardinière ressuscite les poissons morts dans la vie éternelle de la conserverie, le travail de la phrase ne consiste t-il pas à figer les idées dans l’éternité du style ? »


La correspondance entre Flaubert et George Sand est évoquée ici et donne envie d’être relue.


Un très bon moment de lecture.

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