« Chanson douce » Leila Slimani

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Dès les premières pages, le lecteur est fixé. « Le bébé est mort » et sa soeur aussi . L’auteur de ces actes est connue, c’est la nounou, une nounou psychopathe, enfin ça c’est moi qui la définit ainsi car dans les pages qui suivent , rien ne permet de la qualifier de psychopathe et on attend en vain tout au long du livre de découvrir les raisons de ce drame glaçant : comment en est on arrivé là ? première des nombreuses questions que soulève ce roman. On s’attend à un thriller, haletant, angoissant. Or, ce qui suit les premières pages n’est qu’une longue description des événements qui conduisent au drame : un couple branché, dont la femme décide de retravailler est à la recherche de la nounou idéale. Pas facile de laisser ses enfants à une inconnue. Beaucoup de jeunes parents sont passés par là, et voilà qu’avec une belle recommandation, Myriam, la mère des enfants a le coup de foudre pour une candidate qui semble répondre à tous les critères, discrète, dévouée, disponible, sachant se faire aimer des enfants. C’est ainsi que Myriam la perçoit et sur ce plan là elle ne sera pas déçue. La nounou présente des qualités au-delà de ce qu’elle pouvait espérer, elle prend en charge toute la maison: du nettoyage au rangement et même la cuisine. Que demander de plus ? Myriam et Paul nagent en plein bonheur, ils délèguent, insidieusement, sont un peu surpris parfois par l’emprise que la nounou exerce sur la famille, mais pris par leurs activités professionnelles et ravis de ne pas avoir les contraintes familiales, ils perdent toute notion de ce qui est « raisonnablement admissible et ce qui relève de l’intrusion dans eur intimité ». Ils vont jusqu’à la convier en vacances et ui confier les enfants. Une nounou de rêve.
Alors quand est ce que tout bascule ? pourquoi ? quelques petits signaux que les parents interprètent puis laissent passer.


Leïla Slimani s’est inspirée d’un fait divers paru aux Etats Unis.


Autre question lancinante tout au long de la lecture : comment cette écrivaine, de l’âge de la mère des enfants et mère elle même, a t-elle pu écrire un tel livre ? Pour exorciser ses peurs devant la crainte de confier ses enfants à quelqu’un que finalement on ne connait pas .
Les parents n’attirent guère la sympathie du lecteur, c’est un couple arriviste, ne pensant qu’à leur carrière professionnelle respective, ils se sont sentis soulagés de ne pas avoir à subir les contraintes. Alors l’auteur a t-elle voulu faire une critique de la vie urbaine qui engendre des parents irresponsables ? Surtout ils ne se sont jamais posé les bonnes questions, n’ont jamais cherché à connaître cette nounou, son quotidien, son passé et la voyant investie au delà du contractuel , ils ne se sont pas demandé comment elle réagirait quand les enfants iraient à l’école et n’auraient plus besoin de ses services.


Ce livre lu juste après « L’ami  » de Tiffany Tavernier qui posait la question : « Connait-on bien ses voisins , surtout quand on pense avoir des bonnes relations de voisinage » souligne le thème de la part d’ombre de chacun d’entre nous. Ici c’est celle d’une femme familière qui s’est rendue indispensable et pourtant si secrète.
Quelles sont les raisons qui ont poussé le jury du Prix Goncourt à honorer ce roman fiction en 2016 ? . C’est aussi la question que je me suis posée. Un peu décevant ,les portraits des trois principaux personnages ne m’ont guère convaincue, trop caricaturaux, cette histoire m’a paru peu crédible et peu de chose à retenir sauf quelques angoisses surtout si vous êtes jeune parent à la recherche de la nounou idéale.

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