« Le roi de Kahel » Tierno Monenembo

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Le Roi de Kahel

« Je ne suis rien là où je suis né : si je devenais roi chez les sauvages ? » Ainsi raisonnait Aimé Olivier Sanderval au XIXème siècle.

Les grands points positifs de ce roman sont de nous faire découvrir, un pan de l’Histoire oublié, les débuts du colonialisme de l’Afrique de l’Ouest, l’existence d’Aimé Olivier Sanderval à travers une  épopée picaresque et les méandres feutrés de la III ième république.

Au début des années 1880, Aimé Victor Olivier de Sanderval, fils d‘industriel sur les traces de René Caillé dont le nom est attaché à celui de Tombouctou, rêve de conquérir le Fouta Djalon  (dans l’actuelle Guinée) et d’y développer une ligne de chemin de fer.  Pays de cocagne et des eaux vives, cette région regorge de cascades, de vallons, de[u1]  paysages enchanteurs et idylliques. Tout y pousse. Il se fait même adopter comme peul.

On a presque tout oublié de lui aujourd’hui: il fut pourtant un précurseur et ses aventures ont fait les délices des journaux de l’époque. Au cours de ses cinq voyages successifs, Sanderval parvient à gagner la confiance de l’almâmi, le chef suprême de ce royaume théocratique qu’était le pays peul, qui lui donne le plateau de Kahel et l’autorise à battre monnaie à son effigie.


Tierno Monénembo nous propose avec ce roman historique une biographie romancée qui avait tous les critères pour en faire une roman d’aventures addictif.

Tierno Monemembo a effectué un énorme travail de recherche qui fait tout l’intérêt de ce roman. Il a eu accès aux archives de la famille Sanderval. On y apprend  l’organisation de la hiérarchie en territoire peul : un royaume central duquel dépend des royaumes vassaux, sorte de fédération de trônes, on y découvre le caractère des peuls : fier et roublard.
Et pourtant sur le plan du rythme et du style, ce n’est pas tout à fait ça. On se perd dans cette épopée à la suite de cet aventurier de la fin du XIXème qui manqua plusieurs fois de mourir entre dysenteries, complots, et autres accidents de parcours, il lui a fallu ruser souvent, mentir un peu et gagner la confiance de certains de ses interlocuteurs. Le roman s’essouffle dans la 2ème partie, on ne comprend pas toujours ce qui se passe et le rythme devient monotone. Difficile de suivre tous les personnages plus ou moins en lien de parenté entre eux qui possèdent chacun leur lopin où ils règnent. On y rit cependant parfois devant des épisodes cocasses imprévus, les obstacles toujours franchis avec succès. L’auteur nous rappelle comment à cette époque, les africains étaient considérés comme des « sauvages », des « singes » ou presque. Et comment e « Blanc » anglais ou français s’efforce d’apporter leurs coutumes et leur style de vie. En conclusion impression mitigée, une analyse sociologique intéressante qui manque un peu de souffle.


 [u1]s

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