« Miroir de nos peines » Pierre Lemaître

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Miroir de nos peines (A.M. ROM.FRANC)

A l’heure de la débâcle, débâcle à tous niveaux, secrets de famille envolés, dévoilés, débâcle, de l’armée qui se croyait invincible, des naïfs et des lâches.

L’action se passe sur une courte période d’avril à juin 1940 et il s’en passe, de quoi nourrir plus de 400 pages. Mais du bon et du moins bon, quelques moments comiques, d’autres franchement pas glorieux, quelques longueurs aussi, peut se lire indépendamment des  2 parutions précédentes « Au revoir là haut » et « Couleurs de l’incendie », voilà pour une impression générale.

Pierre Lemaître  se délecte dans les univers troubles de l’Histoire et quand il fait ressurgir des événements peu connus, il y ajoute des anecdotes dont on ne sait plus si elles sont vraies ou pas. Qu’importe, le lecteur est tenu en haleine, et visiblement Pierre Lemaïtre aime raconter des histoires, de la petite à la grande et mettre en lumière les petitesses, les veuleries, les lâchetés, les mascarades , et plus c’est gros plus ça passe. Comme le personnage de Désiré, tour à tour avocat, instituteur, diplomate,  puis curé qui fait lien dans tous les épisodes du roman et offre l’occasion à l’auteur de soutirer au lecteur hésitant un sourire mi figue mi raisin et de nous donner à lire un bel exemple de la désinformation officielle en 40 avant la débâcle assumée.  Le roman démarre avec une scéne improbable de la petite Louise du 1er roman.  Louise a bien grandi, elle a  30 ans, elle est devenue institutrice, ses parents sont décédés, sa vie sentimentale est cahotique et les fins de semaine, elle va aider Jules, vieil ami de ses parents dans son bistrot. 

Tous les samedi, un vieux docteur vient  s’asseoir à la même place , mutique, il commande son plat, déjeune puis s’en va. Un beau jour, il  glisse quelques mots à Louise, qui horrifiée,  repousse sa proposition. Les semaines suivantes, elle évite le sujet,  le vieux Monsieur aussi. Quelque temps après il récidive, Louise hésite, ne sait que faire ,  puis elle se rend à l’adresse indiquée : un hôtel près de la Porte d’Orléans. Elle rejoint  la chambre indiquée, s’exécute et un coup de feu surgit. Affolée, elle se précipite nue dans la rue, rattrapée, interrogée, ramenée chez elle, c’est non seulement la honte, mais l’arrestation probable pour crime ? attentat à la pudeur qui signera la fin de sa carrière. Que s’est il passé ? On est sûr que le vieil homme ne l’a pas touchée, s’est contenté de la regarder nue . Pourquoi ? Peu à peu le fil se déroule, les secrets de famille sont révélés.

Mais reste un mystère : qu’est devenu le fils présumé, le demi frère de Louise ? Louise rassemble les éléments et se lance à sa recherche en voiture avec l’aubergiste  qui n’ose pas la laisser seule sur les routes de l’exode.

Entretemps, nous suivons l’histoire de Raoul hâbleur, voleur à la sauvette, et Gabriel, professeur de mathématiques , tous deux mobilisés puis devenus désesteurs.

Quels liens avec Louise ?

Un portrait pas très réjouissant de cette drôle de guerre, impréparée,  et qui pourtant annoncée a pris tout le monde de court.

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