« Ce matin là » Gaëlle Josse

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La belle plume de Gaëlle Josse au service d’un sujet en apparence peu attrayant pour le lecteur en ces temps sombres : le burn out d’une jeune salariée.

Au début du roman, Clara assiste presque impuissante à l’effondrement de son père, victime d’un AVC.
Douze ans plus tard, ce matin-là, c’est Clara qui s’effondre.
Gaëlle Josse dédicace ce livre « À tous ceux qui tombent ».
Qui ne s’est senti,  un jour de sa vie, proche de la chute ?  Qui n’a jamais été tenté de tout[u1]  laisser tomber ? C’est ce qui arrive à Clara, la chute du burn out est bien décrit et crédible. Elle travaille dans une société dynamique, elle y réussit, rien ne la prédispose à ce qu’elle craque et pourtant oui, ça lui arrive.

Comment retrouver son énergie ?  « Au fond, aimer sans i devient amer ».

Alors elle abandonne, se détache, coupe les liens, s’enferme dans son silence, se coupe de ses parents de son entourage, elle sombre. La remontée est moins convaincante et crédible. Tout parait un peu prévisible, ou plutôt dans le genre « air connu[u2]  » et stéréotypé :  l‘environnement familial déséquilibré et chaotique dans les relations frère-sœur, le copain qui se lasse et se casse, le séjour chez la copine miraculeuse qui vit un retour à la terre compliqué financièrement mais positif.

A quoi tient ce je ne sais quoi dans  la lecture qui fait que le sujet de fond est survolé, idéalisé, oui  un style travaillé parfois poétique mais auquel il manque l’essentiel : la profondeur  du personnage. Clara, sa vie, sa souffrance, son burn out… tout cela est bien dit, mais on n’y adhère pas vraiment et on n saurait dire pourquoi.

Il manque cette profondeur, ce petit déclic qui fait qu’on n’y est pas, dans Clara, qu’on ne l’habite pas vraiment, ce personnage. Il y a des choses qui ne sonnent pas juste, comme quand Clara , seule et solitaire, se lance dans quelques actions, en allant au bord de la mer, ou en partant voir sa copine chez qui elle va se requinquer, bizarre pas vraiment  sûr que ça se passe comme ça.

Cela ne m’empêchera pas de relire l’auteur qui m’a rarement déçue dans d’autres romans.


 [u1]La lui arrive

 [u2]C des

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