« Paris-Briançon » Philippe BESSON

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Typiquement un roman qui rend compte de l’époque actuelle en 2021.

Dès le départ on sait que certains des passagers qui ont pris place dans le train de nuit parti d’Austerlitz à destination de Briançon n’arriveront pas vivants.

Ne dévoilons pas la raison au risque de troubler le lecteur.

Dans la 1ère partie du livre, des fragments de vie de personnes « ordinaires » sont brossées. Qui sont les passagers de ce train de nuit ? une femme avec ses deux enfants, un voyageur de commerce baratineur, un médecin dans la quarantaine, un hockeyeur moniteur de ski qui a raté le TGV, un couple récemment à la retraite, 5 jeunes étudiants : des personnages un peu cliché et stéréotypés car les étudiants sont soit hippie ou militants et fument des joints, le médecin est un homosexuel assumé face à un jeune qui cherche sa voie et se révèle être un homosexuel refoulé. Le voyageur de commerce est dragueur. La femme a divorcé après maints coups et blessures de son compagnon. Ils ne se connaissent pas mais la perspective de passer une nuit dans le même wagon les rapproche, des échanges s’établissent plus ou moins spontanément, ils se racontent des brins de vie. Chacun a  ses préoccupations, ses projets, ses propres maux, ses angoisses, ses petits secrets. L’idée de ne passer qu’une nuit ensemble et ne pas se revoir libère la parole. Apparait alors pour chacun la fragilité de la vie, puis peu à peu en sous-jacent le thème de la fatalité et du hasard comme une préparation du lecteur à ce qui va suivre.

L’auteur nous ayant prévenu dès le départ que la mort serait présente, nous ne savons pas qui en sera victime, le lecteur reste attentif et se demande à quoi bon s’empoisonner la vie et ne pas profiter de chaque instant puisque la vie ne tient qu’à un fil.

Et comme ce roman est signé Philippe Besson, nous avons droit à la séquence émotion avec un de ses thèmes chers depuis son roman « Arrête avec tes mensonges » le rapprochement charnel inattendu entre deux hommes. Nous avons également droit à des réflexions sur notre époque où tout est spectacle, buzz, l’instantané qui doit nous surprendre, avec ses images choc.

Etrangement ce roman a ravivé en moi des souvenirs car depuis l’âge de 16 ans j’ai souvent pris des trains de nuit Pau- Côte d’azur :  souvenirs des couchettes inconfortables, la chaleur, la promiscuité dans des espaces étroits où il n’y avait pas de wagon réservé dames, le crissement des pneus, les réveils en pleine nuit, les bruits de pas sur les quais, les nouveaux passagers qui s’installent furtivement, le roulis qui berce, les rencontres impromptues sans lendemain.

Alors pour conclure un bon roman passe temps le temps d’un voyage … en train

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