« Le bûcher des vanités » Tom Wolfe

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Tom Wolfe nous joue t il les fabulistes  version moderne  en nous contant les péripéties de la chute d’un élite de la haute finance ?

 « Ne vous laissez pas prendre dans la machine de la Justice. Dès que vous êtes pris, vous avez perdu. La seule question est combien vous allez perdaitre. Avant d’avoir eu la moindre chance de clamer votre innocence, vous devenez un zéro. Vous n’êtes plus rien. »

« Le bûcher des vanités » roman de plus de 600 pages eut un énorme succès à sa sortie, fin des années 80. L’expression de golden boy n’était pas encore d’usage, elle n’est d’ailleurs pas signalée dans le livre et le personnage principal Sherman Mc Coy en charge du marché des obligations au sein du prestigieux cabiner Pierce &Pierce ne doit pas sa chute à de mauvais résultats professionnels mais à un fait divers qui aurait presque pu passer inaperçu. Le scénario du livre est désormais connu : un américain Wasp (white anglo saxon protestant) verni par la vie est accusé d’avoir percuté un jeune étudiant noir J Lamb promis à un avenir prometteur dans le Bronx, un soir où il s’était égaré en ramenant sa maîtresse. Un enchainement de circonstances le conduira à sa perte : l’affaire Mc Coy /Lamb ;  un journaliste alcoolique et loser trouve l’occasion de se relancer grâce à l’information du  révérend Bacon, héros du Bronx, ayant bien l’intention de se servir de « l’affaire Lamb », comme un symbole du combat contre une justice pour les Blancs , un procureur obnubilé par son élection y voit un élément de nature à rallier les voix des portoricains et des noirs et un adjoint du procureur fou de jalousie devant  la réussite éclatante des blancs américains  rêve de gloire et salaire mirobolant, conscient d’être brimé dans sa fonction.

Politique, religion, justice, tous les éléments sont là ligués contre lui pour accélérer la chute de Sherman Mc Coy. Pour de fausses bonnes raisons, Shermann est le coupable idéal, lui qui n’était même pas au volant de sa voiture ce soir là.

L’accusé était là au mauvais moment, au mauvais endroit et même pas coupable puisque c’était sa maîtresse qui était au volant au moment de l’accident. Enquêteurs et avocats se rendent mutuellement des services par le biais de « La banque des services rendus ».  Et quand la machine médiatique s’emballe tout devient possible.

Unité de lieu, unité de temps. L’action se déroule sur une année exclusivement à New York, dans les beaux quartiers de Manhattan et dans le Bronx : 2 communautés extrêmes. L’auteur aligne les détails avec délectation. Au lieu de donner son opinion il laisse le lecteur juger et lui fournit force détails avec la minutie et la précision d’un entomologiste. Nous savons tout des habits à la mode, les manches à épaulettes, les cabines téléphoniques, les robes noires fluides qui épousent le corps, les limousines pour faire trois pâtés de maison, de la taille et décoration des appartements de Manhattan : une véritable analyse socio économique de la ville.

Etrangement le personnage de Shermann n’est pas si antipathique, l’auteur insiste sur ses maladresses, ses mauvaises réactions, il n’est pas formé pour faire face à des obstacles, on le prendrait presque en pitié avant qu’il ne se décide à réagir. Le début du roman est comique en présentant le héros du livre sui se surnomme « maître de l’univers » alors qu’il n’arrive pas à se faire respecter par son chien.


Trente ans après ce livre reste une référence. Heureusement qu’au-delà de peinture sociale d’un monde cynique, hypocrite et cruel, l’auteur laisse passer une sacrée dose d’ironie et d’humour dans ce qui serait désespérant à lire sur les êtres humains.

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