« Une longue impatience » Gaëlle Josse

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Un hymne à l’amour maternel , un amour inconditionnel d’une mère pour son fils.

Dans un village de Bretagne en bord de mer, une femme a perdu son mari en mer, il n’est pas revenu de la pêche. Elle se retrouve seule à élever son fils quand au bout de   2 ans période jugée acceptable pour un deuil, le pharmacien du village, beau parti pour les jeunes filles de bonne famille, vient la demander en mariage. Il a toujours été éperdument amoureux mais n’a pas su braver l’hostilité supposée de ses parents devant une telle éventualité : union non conforme aux usages. Maintenant que ses parents ne sont plus là,il ose et la rencontre dans sa petite et modeste maison aux volets bleus où elle vit avec son fils Louis. La jeune femme est désemparée et accepte. Mais rien ne se passera comme prévu. Elle joue le rôle de la maîtresse de maison le mieux possible, mais ils n’ont aucune vie sociale, ne reçoivent jamais, elle reste isolée souvent muette. Elle a deux nouveaux enfants, se consacre totalement à eux et surtout à son fils aîné qui devient difficile, et déserte l’école. Un jour, son beau-père malgré ses promesses de l’élever et l’aimer comme si c’était son fils , et au nom d’une bonne éducation s’acharne sur lui et le bat. Au matin Louis disparait et commence alors une période d’attente, d’espoir de son retour. Sa mère finit par apprendre qu’il s’est embarqué sur un cargo au long cours, vers l’Amérique du Sud. Dès lors de longues journées d’attente. Elle grimpe sur la falaise, scrute l’horizon dans l’espoir de le voir revenir. Sa mère regagne chaque jour sa maison aux volets bleus et elle l’attend. Elle lui écrit des lettres, où elle lui décrit le festin qu’elle fera pour son retour.  Au retour du cargo ,il n’est pas là. Son mari à ses côtés se sent coupable mais le silence règne entre eux. « Tu n’aurais pas dû », la seule phrase qu’elle a pu prononcer.

Depuis, ce sont des jours blancs.”

Oui, il n’aurait pas dû. Pas dû dégrafer sa ceinture en cuir et en frapper Louis jusqu’à avoir mal au bras.”.

Il faut l’écriture de Gaelle Josse pour décrire cette histoire presque banale, une écriture sobre, tout en délicatesse et on se laisse entraîner, envahir par l’émotion partagée, par cette mère tiraillée entre ses deux amours, son fils Louis et son mari et ses deux autres enfants.

 « À perte de vue, je scrute le mouvement sans fin des vagues pour y déceler l’apparition du bateau qui me rendra à la vie. Des gouttes perlent sur mon visage, et je ne sais si elles sont faites de larmes ou d’embruns. »

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