« Le grand monde » Pierre Lemaître

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Une famille, 2 parents, 3 fils et une fille qui vivent à Beyrouth. Les parents ont fait fortune et continuent à gérer une savonnerie.  Tous les ans a lieu les Portes ouvertes et la procession regroupant tous les membres de la famille pour rejoindre l’usine sous les yeux à la fois admiratifs et las de la population. Il y a tous les ingrédients pour bâtir une histoire.

Chaque fils a sa personnalité. L’aîné falot a épousé une cruche insupportable qui de surcroît fille de postière s’est sentie léser en épousant le fils du patron d’une savonnerie incapable de succéder à son père.

Le fils suivant est le cerveau de la famille, voué à une belle carrière et pour commencer devrait intégrer Normale Sup, sauf qu’il a la fibre journalistique et qu’en secret il laisse tout tomber et se lance dans de petits boulots espérant gravir le Graal de la presse écrite. Pour l’heure il est condamné aux petits faits divers.

Le fils suivant est amoureux des chats et d’un légionnaire enrôlé en Indochine. Il part à Saigon le rejoindre mais la rencontre n’aura jamais lieu, il n’a plus de nouvelles de son ami tombé dans une embuscade. Vertueux de nature, employé dans une maison de gestion de fonds aussi inutile que vouée à la corruption, il va commencer par se révolter dénoncer les malversations avant d’en devenir l’initiateur le plus efficace.  

Quant à la petite dernière, dont on pense à tort qu’il s’agit d’une fille à sa maman , nunuche , s’ennuie sans ses frères et n’a qu’une obsession : partir à Paris.

Et si on rajoute qu’on est en 1948 à la sortie de la guerre qui laisse encore des traces. La France est en retard, pas de boulot, pas de logement, la vie est difficile.

Le fils aîné commet des crimes sans laisser d’indices, qui songerait à accuser un représentant de commerce, falot, bafoué par sa femme. La 1ere aventure de Lemaître n’est pas loin,  il s’est surtout fait connaître dans les romans policiers.

Lemaître est un excellent conteur, le récit semble semble s’enliser et hop surgit un rebondissement, qui relance la dynamique. Lemaître s’est très bien documenté sur l’histoire de la guerre d’Indochine, cette guerre étrange, aux objectifs inavoués, une guerre coûteuse,  impopulaire car les Caisses de l’Etat sont vides. LemaÎtre nous révèle le scandale des piastres. Il y a dans tout roman de Lemaître un sujet méconnu, un scandale étouffé dont on ne se vante guère dans les manuels scolaires. Le maître adore mêler et révéler les petits secrets et les grands secrets, les scandales, les petitesses, les corruptions.

Ce roman est le premier d’une nouvelle série préfigurant la période de prospérité à venir sous les Trente Glorieuse, on en est encore loin mais les personnages sont en place et on a hâte de les voir évoluer dans la suite de cette saga.

Les deux derniers de sa trilogie montraient un essoufflement, ici Pierre Lemaître retrouve toute sa verve, son imagination et le souffle de Au Revoir lâ haut.

Promis on sera au RDV du prochain roman

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