« La nuit des pères » Gaëlle Josse

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Isabelle, la principale narratrice est appelée par son frère Olivier car leur père 80 ans commence à montrer des signes inquiétants de perte de mémoire. Elle est descendue à Chambéry pour rejoindre un village perdu en montagne. Isabelle a quitté il y a longtemps le village pour pouvoir exister, pour fuir la colère et l’absence d’amour de ce père destructeur. En commençant la lecture, je me suis demandée si je ne lisais pas le même livre que « La part du ciel » de Claudie Gallay.

C’est aussi une histoire de vie, de rendez-vous ratés, de non-dits, de haine et d’amour entre une fille et son père.

« Toi, mon père, tout en colère, tout en dur, en résistance, en impatience. Alors oui, dès que j’ai pu, j’ai fui la montagne, j’ai fui ta colère, j’ai fui notre mère brûlée par cette incandescence ».

« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m’as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m’as dit ça, aussi. »

Le roman de Gaëlle Josse plus condensé, m’a davantage touchée, émue. Comment peut-on se construire dans une famille où la mère soumise fait écran entre un mari exigeant, quand le père présent physiquement est absent dans ses relations paternelles, La violence des mots est aussi brutale que la violence physique et laisse des traces indélébiles. Couper les ponts est une piste pour survivre. 

«  La conversation va avec précaution, sans écueils majeurs, je crois que nous sommes tous trois étonnés de ce temps recousu, suturé, entre nous, même de façon fragile, qu’un seul mot malheureux pourrait anéantir.     Je t’en prie, mon père, retiens tes colères. Je suis revenue pour toi, tu vois…… Je parle vite parce qu’il faut être rapide pour retenir ton attention, …avant que tu repartes dans tes mondes de roche et de solitude….. avant que tu emmènes à ta suite dans les hauts quelques malheureux ravis qui ne savaient rien de toi, de tes fardeaux, des trous dans ton cœur. »

L’auteur nous dévoile par la voix du père qui s’exprime dans un chapitre la raison de son comportement. Trop tard « Il n’y a pas de jour où je ne me suis demandé si les promesses faites aux mourants étaient plus importantes que les blessures des vivants ». Ce père qui s’est réfugié au sommet des montagnes, guide de ses clients, attentif et indifférent, voire violent avec sa famille mais surtout sa fille.

Des mots pour guérir du silence des silences qui ont détruit leurs vies[u1] 

«  La conversation va avec précaution, sans écueils majeurs, je crois que nous sommes tous trois étonnés de ce temps recousu, suturé, entre nous, même de façon fragile, qu’un seul mot malheureux pourrait anéantir.     Je t’en prie, mon père, retiens tes colères. Je suis revenue pour toi, tu vois…… Je parle vite parce qu’il faut être rapide pour retenir ton attention, …avant que tu repartes dans tes mondes de roche et de solitude….. avant que tu emmènes à ta suite dans les hauts quelques malheureux ravis qui ne savaient rien de toi, de tes fardeaux, des trous dans ton cœur. »


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