« La promesse » Damon Galgut

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Ce roman dont l’action se situe principalement à Pretoria, suit la famille Swart sur trois décennies, de 1986 à 2018. Alors que l’Afrique du Sud se transforme profondément, le racisme et la violence que l’on croyait éradiqués avec l’arrivée de Mandela deviennent de plus en plus présents dans le pays. L’auteur de la Promesse décrit la lente dérive et la décomposition de la famille afrikaner et établit un parallèle entre le déclin de la famille et l’Histoire du pays.

La promesse est une métaphore, d’abord c’est la promesse de Ma , la mère de famille, Rachel qui vient de se convertir sur son lit de mort au judaïsme, et a fait promettre à son mari de donner la villa familiale (la ferme) à Salomé la domestique noire achetée par le Grand père. Cette promesse ne sera jamais tenue, sauf à la fin quand il est trop tard (dixit le fils de Salomé et que la maison n’a aucune valeur). Mais c’est aussi la promesse non tenue des espoirs déçus de toute une population noire qui sombre de jour en jour.

La famille est composée de la mère Rachel qui disparait au début du roman . Son décés a déstabilisé les autres membres de la famille, et sa présence plane au dessus de la ferme tout au long du roman. Lle père qui se met sous la coupe du Révérend, meurt à son tour. La fille aînée Astrid rompt son mariage pour s’unir à un jeune homme riche et se fait assassiner après le vol de sa voiture. C’est elle qui réunissait le clan entre tous les membres de la famille. Et Anton le fils qui a hérité des terres et de la ferme familiale peine à la gérer. Il sombre dans l’alcool au grand désespoir de sa femme Désirée, qui se  réfugie dans la méditation, sous la férule d’un Maître yogi

Si tout le monde a souligné ce parallèle entre le déclin de la famille et en filigrane la lente dérive du pays, il a fallu des échanges entre nous pour percevoir toutes les subtilités de ce roman dont l’auteur est dans la lignée des Nadine Gordimer, André Brink, J.M Coetzee.

L’auteur donne successivement la parole à chacun des protagonistes. La construction du roman est originale : 4 personnages disparaissent, 4 enterrements, 4 religions et aucun mariage…

L’écriture est sublime, parfois difficile à suivre, le « je » cotoie le « on », le manque de ponctuation, il n’est pas toujours aisé de savoir qui parle.

 A chaque deuil, chaque membre de la famille semblait affecté, concerné et se déplaçait puis très vite les conflits ou fossés apparaissaient.

Un petit bémol souligné par quelques unes d’entre nous, le livre peine un peu à démarrer puis arrive  la mort du père de famille enfermé avec des serpents fort venimeux qui finissent par le mordre alors qu’il est convaincu que s’en remettant à Dieu, il sera ainsi protégé. Ce chapitre est jubilatoire, les réparties cinglantes et le rythme est lancé.

Une autre point que peu d’entre nous ont perçu l’attirance de l’auteur à mettre l’accent sur les fluides corporels , surtout dans le chapitre 2.

Les personnages sont peu sympathiques, Anton est le plus sincère, ensuite Amor à la fois la plus détachée et la plus attachante, puis Astrid qui fait le lien avec tous les membres. Ils ont tous un côté obscur et un côté pur. On ne sait pas grand-chose de Rachel. Salomé est la fidèle servante et reste fidèle jusqu’au bout.

Phrases relevées

«  Anton à son père sur son lit de mort : «  quand Ma est morte, je suis devenu fou, j’ai cru que je l’avais tuée … Tu as été un salaud alcoolique avant de découvrir la religion et après tu es resté un salaud sauf que tu étais sobre …tu as tout faux avec elle comme tu as eu tout faux avec moi …. A l’image d’une galerie souterraine où aucune lumière n’a jamais pénétré. Quelque chose comme ça une fissure dans les fondations.

« Herman Albertus Swart meurt à 3h 22 le matin de 1995 et la salle d’attente est vide. » …… Anton voit sa sœur à nouveau confrontée au sentiment de sa propre mort… C’est arrivé à notre père, ça peut m’arriver, ce rien, ce néant, terrorisée, elle pleure sa propre mort ….. Le fait est que Manie est mort à un très mauvais moment, si on remporte la ½ finale, on jouera la finale dans une semaine. Ca ne peut tomber le jour du match. On dépensera moins en traiteur dans ce cas dit Anton Astrid n’a pas la force d’être choquée par son frère. Il a toujours été ainsi, donnez-lui un tabou et il éprouve le besoin de le briser. …

« Faites vite dit le pasteur Simmers ne laissez personne regarder Nom de Dieu. Le blasphème s’est échappé tel un filament de morve, trop tard pour le rattraper. Jésus a ressuscité Lazare d’entre les morts. Est-ce qu’il empestait ? .. Indéniablement un relent douceâtre s’échappe du cercueil. . ;. Ne pense pas à la nourriture, surtout pas à la nourriture avariée. … il était en mauvais état, bien pire que ça.  Marina. Fred Winckler commençait à serrer la vis et l’haleine fétide de la mort s’était enfin dissipée. …….« Et le lendemain matin lorsque le pays entier s’éveille avec la gueule de bois, il en va bien entendu de même chez les Swart imprégnés de chagrin et de cupidité autant que d’alcool. …. Le point de rupture de la mort a commencé à s’éloigner d’eux, personne ne supporte longtemps les émotions fortes, c’est épuisant et ce qui peut être écrit perd de sa nocivité. Un jour viendra où la fin tragique se transformera en anecdote familiale amusante. Tu imagines, notre gentil papa bigot a cru que Dieu le protègerait dans une cage en verre avec des serpents venimeux. » 

« Amor a changé depuis le dernier braii (le barbecue) elle est devenue mince et végétarienne.sa tante évalue la quantité de chair perdue »

« Plus personne n’étonne Anton à part lui-même. Mais Anton ne va pas bien non plus. Après avoir vu sa sœur morte allongée sur une table. Il recommence à pleurer, une petite averse de larmes chaudes… 

« Comment accepter ce que j’ignore (fait que Jake apprend que Astrid avait une liaison Il a raison se dit Timothey Batty en rebroussant chemin dans le coulit vous devez connaitre la vérité pour vous y soumettre. Naturellement, la vérité risque de vous tuer. La conversation a tellement contrarié le prêtre qu’il arrive juste à temps aux toilettes. Ce n’est cependant pas l’activité préférée de personne et elle est d’autant plus pénible si les intestins sont dérangés. Les gens parlent rarement de leurs selles, ce qui est curieux étant donné qu’elles sont quotidiennes. Le cerveau aimerait les ignorer malgré les vérités fondamentales exprimées sous la ceinture. Jamais un personnage de roman ne fait ce qu’il est en train de faire à savoir écarter les fesses pour mieux évacuer ce qui l’encombre. Jésus avait il un anus ? Honte à toi Timothy ces pensées sont blasphématoires. Pourquoi ? e ne sais pas elles le sont. « 

« L’avocate a pris de l’ampleur au fil des années en accord avec la croissance de son cabinet. Elle a dévoré 2 maris au passage, qu’elle digère encore paresseusement comme un python en hibernation. »

« Anton est dans une phase entre optimisme et malaise. Il bavarde parce qu’il est nerveux s’étonne du plaisir qu’il éprouve à être avec elle, de la facilité avec laquelle il lui parle. J’écris un roman ? Ah bon répond Amor……Tu as toujours été gentille. Son ton est ironique et pourtant il réalise que c’est vrai.la gentillesse c’est son truc. ;; Sa .. comme qui dirait sa qualité

« Une fois encore, assemblés dans une église contre notre volonté. Dans de telles circonstances, le clan prend de l’épaisseur, à défaut de loyauté, nous nous observons depuis nos terriers. La famille Swart se serre les coudes, bien que nous soyons nettement moins nombreux, désormais tenant tous au 1er rang Amor, Anton Désirée.. « 

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