Publié en 1885, il paraît d’abord sous forme de feuille journalistique. Selon certains commentateurs, Bel ami serait l’œuvre romanesque qui a le plus séduit les scénaristes et réalisateurs internationaux qui ont vu en elle une satire.
Tous les présents (13) ont loué le style de cet ouvrage qui est une peinture sociale de la bourgeoisie parisienne dont les personnages représentent chacun un maillon de la chaine d’alliance entre les hommes politiques, les financiers, les hommes d’affaires, la presse comme Walter directeur de La vie française qui a acquis son pouvoir et effacé le stigmate de son origine juive en épousant la fille d’un banquier.
Georges Duroy, que les femmes appelleront vite « Bel ami », d’origine modeste, cultive une ambition qui le conduise à une place où l’on trouve considération, puissance et argent via le monde du journalisme et de la politique. Les femmes sont instrumentalisées pour réaliser cette ascension sociale, « toutes les femmes sont des filles. Il faut s’en servir et ne rien donner de soi ». La première, Madeleine, femme de Forestier, l’ami militaire qui l’a fait entrer au journal, lui apprend à écrire des chroniques comme elle le faisait pour son mari rédacteur en chef du journal. Elle sera une épouse, et une compagne de combat dans le champ politique à condition de lui laisser toute liberté et la considérer comme l’égale des hommes. Elle est une alliée de Duroy en tenant un salon mondain où elle lui fait connaître les femmes des sénateurs et des députés. C’est elle aussi qui lui conseille de changer son nom, Duroy, en « Du Roy », la possession d’une particule étant un atout majeur pour réussir dans ce milieu
Clotilde de Marelles, sera la partenaire fidèle qui, par sa sensualité, satisfait sa soif de désir sexuel
Dans le salon de sa femme il rencontrera Madame Walter pour laquelle il n’éprouve aucun désir mais qui l’excite « par la difficulté de la conquête et par cette nouveauté toujours désirée des hommes », puis épousera sa fille pour parfaire son ascension sociale
Bel Ami se présente lui-même, comme un homme mu par « la joie du succès sous toutes ses formes, la joie égoïste de l’homme adroit, la joie subtile, faite de vérité, de sensualité contente, que donne la tendresse des femmes ».
Un humour grinçant traverse ce roman et donne lieu à des scènes particulièrement comiques telle que celle de l’Eglise où Madame Walter est écartelé entre l’attrait de Duroy et le besoin de recourir au prêtre pour l’aider à ne pas succomber au péché : » les églises sont bonnes à tout usage » écrit Maupassant. Quelques autres exemples de cette plume acérée : la scène du constat d’adultère de Madeleine avec le ministère des affaires ou encore celle du mariage où l’évêque dit « vous êtes parmi les plus heureux de la terre, les plus riches, les plus respecté, vous avez un bel exemple à donner » Un souvenir traverse alors l’esprit de Duroy « les caresses et le goût des lèvres“ de Madame de Marelle.
Un participant a également relevé que l’idée de la mort est omniprésente : mort de Forestier, du comte de Vaudrec, duel entre Duroy et Langremont, discours de Norbert de Varenne. Maupassant était d’ailleurs obsédé par la mort et la vieillesse.
Les appréciations des participants de cette séance se sont divisées d’une manière tranchée. N’ayant pas pris de notes il me semble pouvoir dire que nombre d’entre nous ont partagé, à quelques nuances près, le jugement émis par Jean Louis Bory dans sa préface pour l’édition Folio Classique de 1973 : « c’est le récit d’une ascension d’un ballon pourri, puits puant, tas de fumier… La voie : le journalisme ; les prises : les femmes. Ne sait pas écrire mais plait, de la cocotte à l’égérie des salons. Pas un hasard si le livre se termine par le mot « lit ». Veule et lâche, fourbe, misogyne, « homme-fille », muffle (à l’opposé de Rastignac aristocrate élégant), vulgaire, avide et ambitieux, hâbleur, boulevardier, bluffeur, culotté, arriviste… Roué quand on songe à la donation entre vifs qu’il oblige Madeleine à faire alors qu’elle a hérité de Vaudrec. Sous-officier de la Coloniale sans aucune « illusion perdue ».
Notre ami Pierre a vu dans cet ouvrage Guy de Maupassant le journaliste du Figaro qui raille la 3ème République naissante et souligne le rôle des médias. Là s’arrête la ressemblance avec Les illusions perdues où l’argent est également le ressort de la bourgeoisie montante mais Rastignac n’est pas le manipulateur de Bel Ami.
Bel ami reste un chef d’œuvre de la littérature par son style
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