« Chien 51 » Laurent Gaudé

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« Je suis attiré par des sujets qui portent du tragique » disait Laurent Gaudé lors d’un interview. Quand on lit un roman de Laurent Gaudé, on se demande quel thème a été choisi  car ce qui caractérise cet auteur, c’est sa capacité à se renouveler, en quelque sorte  l’antithèse d’A. Ernaux.

Mais si la plupart de ses romans ont en commun de mettre en scéne des êtres déstabilisés, exilés,  que dire de Chien 51 ?. J’avais fort envie de le lire, les dystopies qui m’ont marquée ne manquant pas,  de « 1984 » à « 2084 », puis « Auprès de moi toujours ». Mais là on atteint la limite du supportable.

Chien51 c’est le nom donné à Zem Sparak un des personnages principaux de l’histoire, d’origine grecque, son pays en faillite a été racheté par une multinationale Goldtex à la technologie triomphante, doté des outils les modernes en matière de surveillance et de sécurité. Zem  a été contraint de quitter le pays dans d’obscures circonstances, on comprend  seulement qu’il a été très actif en Grèce dans son rôle de résistant pour s’opposer au rachat de la Grèce, mais qu’il a fini par trahir ces amis combattants  pour sauver sa peau. Quelques années plus tard il rejoint Magnapole une des vastes cités qui gèrent le Monde et s’est engagé en tant que policier.

La nouvelle structure Magnapole est divisée en 3 zones la première dédiée aux dirigeants   ultra privilégiés qui vivent dans le luxe et même une certaine immortalité,, la 2ème réservée à des exécutants privilégiés, des travailleurs indispensables au bon fonctionnement, nommés les cilariés (citoyens salariés)  à qui on accorde le love day en échange de bons  résultats et la 3ème zone où grouillent les parias, les laissés pour compte et quelques policiers pour y faire régner la loi. C’est là qu’a échoué Chien 51.

Changement climatique oblige, les pluies ne sont pas acides mais huileuses, et seules les deux premières zones sont protégées par un dôme climatique.

Pour passer d’une zone à l’autre, des check point dignes du temps du mur de Berlin sont à franchir et maigre espoir, une loterie a lieu régulièrement pour donner sa chance à un habitant de 3ème zone de pouvoir passer en zone deux.

Côté médical une technologie accessible uniquement à de rares élus de zone 1, leur permet de bénéficier d’une greffe de vie apaisée sana maladie, ni usure lié à l’âge. On peut comprendre que certains seraient prêts à tous les chantages pour s’en emparer.

Seul réconfort de Zem, il le puise dans une salle sombre d’une boîte de nuit du quartier RedQ, où il passe la plupart de ses nuits. Là, il peut retrouver l’Athènes de sa jeunesse, grâce aux visions que lui procure la technologie Okios, aussi addictive que l’opium.

Voilà pour le décor guère palpitant que nous dresse Laurent Gaudé.

Palpitant, ça ne l’est guère d’autant que finalement ce monde qu’il nous décrit est tout à fait plausible et même en cours :  classes sociales bien distinctes, on connait, un monde dominé par des puissances capitalistes, on le vit tous les jours, un changement climatique, on commence à en subir les effets, des technologies de pointe qui permettent la surveillance des individus et la restriction des libertés, une menace qui se profile. Rien de visionnaire finalement.

C’est dans ce décor qu’a lieu un premier crime, un homme de zone 2 retrouvé dans un endroit sordide, S’ne suit un second crime, une jeune fille. Zem est chargé de l’enquête sous la supervision d’une jeune inspectrice de zone 2. Rien que de très banal, digne des romans policiers classiques.

Alors d’où vient cet effet d’angoisse, d’oppression, de malaise à la lecture de ce roman ?

Les personnages n’ont aucune humanité, ne semblent éprouver aucune émotion, aucun sentiment. Surtout l’inspectrice de zone 2.

On a envie de dire à Laurent Gaudé : revenez à vos premières amours, des récits bien ancrés dans la réalité d’aujourd’hui ou dans de vieilles légendes. C’est encore là qu’il est le meilleur et ce sont ces romans là qui nous font le plus vibrer.

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