« Rachel et les siens » Metin Arditi

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Le débat sur Rachel et les siens a notamment porté sur des questions d’histoire qui inspirent le roman situé de 1917 aux années 1980, les personnages du roman apparaissant même à certains comme des symboles plutôt que comme de vrais personnages.

Une histoire dans l’Histoire qui tente d’éclairer l’imbroglio qui a conduit à la situation catastrophique actuelle.

Un roman qui fait revivre l’histoire familiale de plusieurs lectrices.

Un livre qui séduit une majorité, deux personnes n’ayant pas réussi à s’en emparer.

Un récit qui rappelle certaines histoires familiales :

Joëlle évoque ses quatre grands parents nés à Salonique. Michèle un père juif laïque en Tunisie, Sophie cite le mot de son père juif laïque qui prédit 100 ans de guerre lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948.

Maryse a commencé la réunion. Dans Rachel et les siens, elle a retrouvé les pas de ses grands-parents, ballottés de Jaffa à Alep en Syrie puis en Egypte, ravivé des souvenirs de son séjour en Israël. Elle a regretté ce moment où, comme à Jaffa, « tout était possible » sans ce glissement communautariste, qui a conduit au désastre actuel au Proche Orient.

Nombreux remerciements pour le choix de ce livre.

Des références historiques présentes dans le roman ont été rappelées :

– En 1917, l’ambigüité de Balfour qui promettait « un foyer national juif » reprenant le slogan de Theodor Herzl père du sionisme qui avait assisté à la dégradation de Dreyfus et proposait de « donner à un peuple sans terre une terre sans peuple. »

– La responsabilité des grandes puissances et notamment l’appétit des vainqueurs de 1914_18 et notamment leur zèle à continuer le démantèlement de « l’homme malade de l’Europe. »

– La politique des Britanniques qui ayant obtenu de la SDN le mandat de la Palestine   infléchissent leur politique arabe, encouragent l’immigration juive des Askhénazes, eux-mêmes soumis à de nombreux pogroms à l’est de l’Europe.

–le rôle de la Turquie qui expulse ses minorités ou les contraint à émigrer par des mesures iniques comme le calcul de l’impôt sur les biens des Juifs.

-L’afflux d’Askhénazes qui parlent Yiddish, bien décidés à mettre vigoureusement en valeur ce pays malgré les contraintes naturelles difficiles, les maladies, la malaria… Au sein des Kibboutzim, le fossé se creuse entre les deux communautés juives et entre partisans et opposants d’une cohabitation avec les Arabes. Après 1948, le rôle de l’Hébreu dans l’unification de l’Etat d’Israël.

L’histoire de Rachel et les siens se réfère à tous ces moments, dans un style simple : peu d’artifices, moments épistolaires très utiles, micro-chapitres qui font claquer l’histoire.

A travers la vie de Rachel, on passe d’une cohabitation réussie à Jaffa, entre Sépharades et Arabes  (la même maison), les liens fraternels entre Rachel et Mounir, l’irruption d’Ida, des Askhénazes, le rôle des langues parlées, l’Arabe, le Turc, le Yiddish, l’Hebreu, le kibboutz, les débuts de la division, le destin tragique des proches de Rachel, l’exil en Turquie, les mesures fiscales… La France apparaît en 1942, sous les traits d’un ambassadeur antisémite amant de Rachel, qu’elle finit par quitter…

Par ses pièces de théâtre, au fil du temps avec un succès éblouissant, Rachel, cruellement marquée par l’histoire se débat pour inventer une fin rédemptrice.

La fin du roman n’est pas discutée.

Je remercie les présents qui n’ont pas voulu l’aborder parce que je m’étais trompée de livre et lu celui du cercle suivant le livre suivant.

Deux avis rédigés par des absents :

-L’enfant autiste grand artiste de parents consanguins est vu comme « happy end » qui célèbrerait « l’acceptation de la différence (…)mais(…) peut-être superflu ».

-Le bandeau de l’édition de poche « le roman d’une fraternité retrouvée entre Israël et la Palestine » est contesté au vu de la situation actuelle.

– Le mien, puisque j’ai lu le livre depuis : Comment interpréter le choix d’un enfant atteint d’un handicap, -fut-il grand artiste- issu d’un même père arabe et de deux mères juives l’une Askhénaze l’autre Sépharade ?

La question reste en débat.

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