« Clara lit Proust » Stephane Carlier

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Clara lit Proust

Titre accrocheur en sous-titre comment on passe d’inculte à un livre culte

Ce roman accumule les clichés et se lit fort aisément. Si vous avez des insomnies, n’hésitez pas, pas sûr que votre vie en sera bouleversée mais vous trouverez le sommeil en rêvant à Guermantes, Swann ou Vergurin. 

Dans une 1ère partie, on assiste à la vie au quotidien d’un salon de coiffure d’une ville de province, appartenant à une, on hésite entre -mère poule et mère maquerelle- un peu des deux assurément, Les employés sont en phase avec la clientèle dont l’âge moyen frise les 70 ans et qui vient au salon  déverser leur banale vie entre deux permanentes. Clara est l’une des coiffeuses, une jeune fille simple, de 23 ans qui découvre qu’elle n’est plus amoureuse de son beau pompier doté pourtant de toutes les qualités, et qui aux yeux de ses parents serait le gendre idéal.

Voilà pour le décor. On attend au fil des pages l’étincelle qui va lancer le roman. Elle apparait sous les traits d’un livre oublié par un client de passage. Et ce livre n’est autre que « A la Recherche du temps perdu ». Le livre reste longtemps dans les tiroirs avant que Clara ne se lance dans sa découverte. Lecture un peu ardue au début mais très vite la jeune fille s’enflamme, s’implique, se passionne.

Puis tout s’enchaîne, on devine vite que Clara ne sera plus coiffeuse très longtemps.

Un roman sur le pouvoir des mots, le pouvoir des livres à changer nos vies.

Paru dans une autre collection, on aurait classé le roman dans la série des feelgood mais on est chez Gallimard dans la collection Blanc. Ce n’est pas une critique négative car le roman se lit très bien et fort agréablement.

« Elle n’est pas peu fière : elle lit A la recherche du temps perdu. Elle en est capable. Ce n’est pas rien. Anaïs ne pourrait pas lire A la recherche du temps perdu. Nolwenn, n’en parlons pas. Et le fait que c’est arrivé comme ça, par hasard et seulement par curiosité, contribue au sentiment de triomphe qui grandit en elle. »

« – Plus on le lit, plus on l’aime, tu as remarqué ?
– C’est vrai, dit Clara. C’est parce qu’on se fait à son rythme. Au début, on est là, Je comprends pas, cette phrase devrait s’arrêter et elle continue, mais c’est parce qu’on le lit trop vite, c’est une erreur. Il faut prendre son temps, faire des pauses. Maintenant, quand je le lis, j’ai l’impression de l’entendre me parler.
– Une vraie proustienne…Et son humour, tu as remarqué comme il est drôle ?
– Oui ! C’est très visuel, on est vraiment dans un film par moments. Quand il descend de son fiacre parce qu’il a vu une fille sur le trottoir et qu’il tombe sur la Verdurin qui croit que c’est pour elle qu’il a accouru. »

« Marcel [Proust] n’a pas son pareil pour réconforter son lecteur esseulé. D’abord en le rendant plus intelligent, ce qui n’est pas rien, et aussi en lui faisant réaliser que l’amour n’existe pas, qu’il n’est qu’une fabrication de notre cerveau en réponse à notre frustration existentielle, à notre terreur de l’abandon, que la personne qu’on croit aimer n’a rien à voir avec qui elle est réellement, on la désire parce qu’elle nous échappe mais que, une fois qu’on l´a, on ne comprend même plus ce qui nous la faisait désirer, qu’on est de toute façon irrémissiblement seul, et qu’ainsi donc, en amour, on ne fait jamais que souffrir le martyre ou s’ennuyer comme un rat mort. »

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