« Americanah » Chimamanda Ngozi Adichie

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Americanah - 1

Contrairement aux craintes de Michèle, qui avait proposé le livre  et aime beaucoup cet auteur, craintes que le livre soit trop long à lire, la discussion générale a plutôt validé ce choix.

L’auteure est connue comme féministe, mais cela n’apparaît pas essentiel dans l’ouvrage aux yeux  des présents. On peut même souligner que toutes les femmes décrites sont entretenues ou rêvent de l’être (cf la Tante Uju).

Ce qui nous a tous intéressé ce sont les thématiques du déracinement, de la complexité des relations interraciales et par ailleurs la psychologie du personnage central Ifemelu.

Nous avons été nombreux à avoir quelques difficultés à la lecture : changements de lieux, d’époque, blogs imbriqués sans linéarité. Il ne fallait pas perdre le fil.

Sur le déracinement, on le ressent par la façon subjective dont Ifemelu est traversée de contradictions. Etre socialisée dans un pays, une culture et devoir se socialiser dans une autre pour s’intégrer (par la langue, les attitudes..) Comme d’autres jeunes nigérians éduqués elle idéalise le monde anglo-saxon et rêve d’y étudier. On y voit sa déception qu’elle synthétise dans ses blogs. L’originalité est de ne pas se confondre, ni être confondue avec les Afro-américains qui n’ont pas une culture  et un pays d’origine étrangère, ce qui la rapproche des immigrants. On voit qu’il n’y a pas d‘homogénéité dans le fait d’être Noir. On souligne que nous les « blancs » ne pouvons pas vraiment comprendre ceux  qui vivent le racisme. D’ailleurs quand Ifemelu rentre au Nigéria, elle cesse d’être (de se voir ?) noire.

On remarque qu’Ifemelu qui est Igbo et vient du Biafra, connu pour la guerre civile, ses 2 millions de morts et sa famine, n’en parle pas (Michèle dit que c’était le sujet de son précédent livre). Quand elle parle du Nigeria, qui profite de la manne pétrolière,  c’est pour pointer la corruption, le népotisme, la versatilité des fortunes. « Pays de lèche cul »

 C’est le cas de son amour de jeunesse Obinze, pauvre à Londres, mais qui, une fois revenu au pays, se débrouille pour avoir beaucoup d’argent.

La personnalité d’Ifemelu a fait débat. Elle ne se pose jamais en victime, peut paraître arrogante et méprisante. C’est le cas de ses rapports avec les coiffeuses, où elle manifeste un mépris de classe à leur égard et fustige leurs rêves de mariage. Si son personnage est fouillé, c’est moins le cas pour les autres qui restent secondaires.

Dans ses rapports avec les hommes c’est aussi assez complexe, elle quitte des hommes qui l’aiment et l’aident. Soit cela s’explique par son amour d’Obinze qu’aucun homme ne peut remplacer, soit par un désir de liberté et d’émancipation.

 L’appréciation du style  est positive, malgré la construction un peu disruptive : légèreté, vivacité, mais aussi réflexions distanciées dans les blogs.

Tous ont trouvé le livre très intéressant et ont appris beaucoup via le parcours d’Ifemelu et cerise sur le gâteau, la happy end où elle retrouve enfin Obinze « ciel » .Ils vont sûrement se marier et avoir beaucoup d’enfants ou pas.

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