« Histoire d’un ogre » Erik Orsenna

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Etrange brûlot de la part d’un auteur qui ne nous a pas habitué à ce type de littérature.

Le livre m’ayant été recommandée par une amie grande lectrice, je suis donc allée au bout. Il se lit vite fort heureusement.

Le titre, « L’histoire d’un ogre » laisse penser à un conte, ici on n’est pas chez les enfants mais bien dans la vraie vie. L’ogre jamais nommé autrement que sous cette appellation est Vincent Bolloré, l’auteur le révèle volontiers dans ses interviews. Erik Orsenna fut autrefois en fort bons termes avec l’ogre,  il a même réédigé les fameuses valeurs qu’on affiche dans les entreprises et qu’on se garde bien d’appliquer, c’est bien connu.

Rien à dire dans la forme, Orsenna conserve une plume alerte, plaisante mais le fond pose question.

Pourquoi dénoncer ce qu’on a autrefois sinon adoré, respecté ? Non pas qu’on ne soit pas d’accord avec ce qu’ne écrit l’auteur mais à quoi bon ? D’autant qu’il n’y a guère de révélations. Depuis qu’il a repris les affaires familiales, le chef d’entreprise est insatiable et un redoutable prédateur. Est-ce parce qu’il s’apprête à dépecer ce qu’il reste d’Hachette que trop c’est trop, Erik Orsenna sort de ses gonds.

Est-ce l’étape de trop, tant qu’il était dans les affaires industrielles, à la rigueur c’était acceptable, dès qu’il a voulu toucher au monde de l’édition et des médias, danger. Que Bolloré soit un danger pour la démocratie en concernant près de 70% de la presse écrite, et contrôlant les medias, on n’avait pas besoin du livre d’Orsenna pour l’apprendre il suffit de lire la rubrique Wikipedia.

Cette question on se la pose tout au long du livre d’autant que la figure de l’ogre ne dépasse pas le 1/3 du livre, ensuite l’auteur ne tarit pas d’éloges l’opposé de Bolloré, le capitaine d’industrie génial mort trop tôt, et s’autocongratule ensuite.

Bizarrement le livre est encensé par ses pairs des émissions littéraires et rejeté par les lecteurs

Décidément la collection blanche Gallimard n’est plus ce qu’elle a été ou est-ce une provocation, un défi que s’est lancé Gallimard (rare maison d’édition indépendante),  en faisant une commande à l’auteur?

« Mais non aucun animal même sauvage n’est atteint par le cancer du toujours plus. Les prétendus sauvages ne chassent que pour se nourrir. Aucun comme chez nous n’amasse pour amasser.Dans le règne animal, notre espèce exceptée, la solidarité est bien plus fréquente que la concurrence. Pour se nourrir comme pour résister aux dangers, les bêtes, décidément mal nommées, des plus petites, comme les virus, aux plus grosses, comme les éléphants, se rassemblent, en ruches ou en meutes, s’allient et partagent les tâches comme les repas. En choisissant pour Principe Directeur de nos sociétés la concurrence, la concurrence effrénée, notre espèce s’est trompée. Et nous constatons chaque jour les conséquences de cette terrible erreur. C’est cette concurrence, partout et toujours, qui a déréglé notre planète et son climat. Qui peut nous croire capables de résister à tous ces périls qui montent sans un retour à la solidarité ? »

Le pouvoir et l’argent

Le cas de Giscard fut vite expédié. La Finance, au pire, on l’inspecte en gardant ses distances. On a l’esprit trop ailleurs, obnubilé par le sommet. Celui-ci atteint, on donne le meilleur de soi-même. Une fois remercié, on se ronge. Pas de place pour la Banque, dont le rôle est de ronger les autres.

L’heure était venue du cas le plus complexe

— N’oubliez jamais, cher Erik, que les ancêtres de ce Mitterrand fabriquaient du vinaigre. Comme ceux d’ailleurs du psychanalyste Lacan. On doit pouvoir trouver dans cette ascendance le lien entre le plaisir et l’acidité. Chez ces gens-là, on grimace en jouissant. Ou l’inverse.

Comme pour Giscard, la recherche de l’argent était considérée par François Mitterrand comme une  activité trop vulgaire … Il a laissé à  2 ou 3 proches la tâche pénible de devenir milliardaire et donc de le dégager des contingences matérielle  notamment celle de payer un café : oh je m’aperçois que je n’ai rien pris ce matin. Je vous en prie Président : Garçon je vous dois ?

De  François Hollande, rien à dire et de ce silence bavard vint justement une part de ses problèmes.

Avec le Nicolas et Emmanuel deux parcours se croisent

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