Le livre a plu à tous même si le ressenti en le lisant variait selon les situations.
Plusieurs personnes l’avaient déjà lu à sa sortie en 2006 mais n’en avaient gardé qu’un souvenir vague ou partiel. La relecture 17 ans plus tard, a davantage et autrement marqué puisque le thème de la vieillesse est plus sensible pour la plupart d’entre nous.
Benoîte Groult, née en 1920, de culture classique (latin et grec), commence sa carrière littéraire en duo avec sa sœur Flora et travaille comme journaliste dans la presse féminine. Venue « tardivement » au féminisme, elle publie « Ainsi soient-elles », essai mené tambour battant et qui a été un succès. Elle est de la génération des femmes pionnières, telles Gisèle Halimi, Françoise Giroud et son féminisme n’est pas celui de militantes d’aujourd’hui, ce qui donne un aspect un peu daté. Mais, à 86 ans à la sortie du livre, elle est une représentante brillante de cette génération.
La plupart de ses écrits ont une inspiration autobiographique. Le thème du couple et de ses problèmes, de la sororité, des relations avec les enfants, les petits enfants, l’histoire d’amour passionné vécue « en marge », l’Irlande, la pêche, la croisière, tout cela, déjà traité dans d’autres livres, est repris sous l’angle de l’âge, de la vieillesse. Par la fille, Marion, la mère, Alice, elle décrit une période de 45 à 60 ans d’une part, de 75 à 90 (à peu près) d’autre part et arrive donc à donner le sentiment de l’avancée en âge. Noter que Benoîte Groult a 86 ans à la sortie de ce livre, ce qui lui donne
Par ses différentes manières de raconter, lettre, dialogue, récit personnel, elle rend compte de cet « âge des découvertes » où on se rend compte que son corps n’est plus une machine fiable, mais aussi de la difficile adaptation à un monde en transformation. Elle évoque la modification des relations avec les proches, le creusement du fossé des générations et, de façon plus générale, le sentiment de devenir invisible et surtout d’être dévalorisée.
Son style est particulièrement dynamique, relevant plutôt de l’oral, parfois familier, mais il emporte le lecteur.
Ce qui a séduit tout le monde, c’est qu’avec un tableau qui pouvait être déprimant, son énergie, son humour corrosif, son sens de la formule permettent de parler de la réalité et d’en rire. Un peu jaune parfois, mais de nombreuses formules ont été relevées. C’est la lutte toujours énergique et marquée par l’humour avec ses propres difficultés ou avec le monde extérieur de plus en plus étranger. C’est aussi le courage avec notamment son évocation de la touche étoile qui donnerait à Moira le droit de délivrer qui ne veut plus vivre ainsi. C’est un livre à la fois intime et énergisant qui envoie à chacun des vérités « reçues 5 sur 5 ».
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