Un roman multi facettes, engagé, qui révèle la stupidité, la cupidité des hommes face à la beauté de la nature sauvage dans un combat inégal qui menace notre survie.
Caryl Ferey, une nouvelle fois nous fait découvrir un monde peu connu et nous livre un magnifique roman puissant, engagé : un vibrant élan d’amour pour les animaux mais aussi une intrigue sentimentale.
Okawango est le nom d’un fleuve qui a la particularité de ne pas se jeter dans la mer. Traversant 3 pays, l’Angola, le Bostwanza et la Namibie il se termine étrangement par un delta et ses eaux se perdent dans le désert du Kalahari. Ce delta est considéré comme la « perle du Botswana » grâce à la qualité de son environnement, exceptionnellement préservé car la région n’ apas connu beaucoup d’activité humaines, à part la présence de chasseurs-cueilleurs. La faune y est abondante : éléphants, rhinocéros, lions, léopards, buffles, guépards, crocodiles, lycaons, et encore plein d’autres espèces rares, voilà pour le décor.
Départ de l’intrigue : à la frontière namibienne, dans l’immense réserve dédiée au tourisme Wild Bunch, un garde est retrouvé assassiné.
Le chef de la KAZA dépêche la lieutenante Solanah Betwase, (qui se trouve être sa compagne dans la vie et très déterimnée dans la lutte contre le braconnage) , ranger botswanaise pour mener l’enquête.,
. « D’étranges rumeurs couraient sur Wild Bunch ; elles disaient que des hommes s’y transformaient la nuit, que les empreintes de leurs pas disparaissaient soudain du sol, qu’ils devenaient des lions, ou léopards, qu’ils tuaient au hasard ceux qui s’aventuraient sur leur territoire, qu’on retrouvait des cadavres lacérés au-delà des clôtures électrifiées, à demi dévorés. »
Il est question de duos improbables : John Latham au passé mystérieux, propriétaire blanc de Wild Bunch et son adjoint de la tribu des San , de femmes déterminées l’enquêtrice et la frêle Priti elle aussi une San qui par sa ruse aidera à mener l’enquête.
On a droit aussi à un rappel historique : le contexte de la colonisation, la guerre civile qui a longtemps sévi en Angola opposant le bloc communiste au bloc occidental et le sort réservé aux populations locales.
Caryl Férey dresse un tableau complet du braconnage moderne et du business florissant de ce trafic mondial – cornes, dents et griffes, ivoire entre autres – qui profite aux groupes armés y compris terroristes, avec Hong-Kong comme plaque tournante.
Beaucoup d’atouts pour un livre saisissant à l’intrigue très bien menée, un hymne à la nature sauvage et aux animaux
« L’accouplement des rhinocéros pouvait durer plus d’une demi-heure, beaucoup d’Asiatiques attribuaient des effets thérapeutiques et aphrodisiaques à leur corne broyée en poudre, principalement de la kératine, une substance banale qu’on trouvait dans les ongles, les cheveux ou les sabots. ».
« Ivoire, cornes, peaux, écailles de pangolin, dents, griffes, testicules, tout se vendait sur les marchés parallèles, alimentés par des tueurs professionnels ayant combattu dans différents conflits et qui n’avaient pas peur des brigades anti-braconnage. Ces groupes armés provoquaient la dislocation des communautés locales et l’instabilité politique et finançaient le terrorisme – Boko Haram et Al-Qaida participaient au trafic –, précipitant l’extinction en cours. Une extinction exponentielle, comme l’avaient subie les peuplades qui considéraient la terre comme leur mère nourricière, privées de l’imaginaire qui fondait leur entité, exactement comme les animaux dans un zoo »
« Les gens veulent croire, en Dieu, au spaghetti cosmique ou à la corne de rhinocéros comme supplétif à leur pauvre pénis : c’est plus fort que la raison, la morale ou les sermons. Que ces gens en meurent ne me dérange pas. »
« Tous les enfants du monde rêvent d’animaux sauvages, de grimper sur un cheval ou sur un fauve pour courir après le vent, tous les enfants dessinent des animaux,….. Beaucoup d’humains perdent le fil du rêve qui les liait à eux, par manque d’imagination, d’empathie ou de compassion, par paresse intellectuelle ou morale, parce qu’ils prennent ce vieil attachement pour des enfantillages et qu’ils ont mordu à la fable du commerce et de l’argent coûte que coûte,….. . Sauf qu’un monde sans animaux sauvages n’est pas un monde ».
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