Il s’agit d’un essai-commande pour le Festival d’Avignon, roman pédagogique sur la place de la femme dans la littérature depuis l’Antiquité. Alice Zeniter s’amuse avec humour à « déconstruire » pour reprendre le mot à la mode, la figure du Héros dans les récits depuis l’Antiquité.
« Une bonne histoire, aujourd’hui encore, c’est souvent l’histoire d’un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c’est mieux…Mais quelle place accorde-t-on dans ces histoires aux personnages féminins et à la représentation de leur corps »
L’auteure s’amuse également à démontrer que la littérature a toujours été une affaire d’hommes avec des histoires les mettant en avant, de préférence lors d’actions conquérantes, tandis que la femme devait souvent se contenter d’un rôle secondaire d’adjuvant au coeur d’un décor masculin, à l’image de la Schtroumpfette ou des James Bond girls.
Alice Zeniter s’amuse à nous expliquer, démonstration à l’appui , comment et pourquoi de ces hommes dont la nourriture était constituée à environ 80% du fruit de leurs cueillettes, n’est restée que l’image du chasseur.
« Ce n’est pas parce que la viande était cruciale que les chasseurs se sont imposés, c’est parce que leur histoire était meilleure. Si je vous raconte, par exemple, que j’ai passé ma journée dans les bois et que j’ai cueilli une airelle et puis une autre et puis une autre ah et encore une autre, dix airelles, vingt airelles… Ce n’est pas trépidant. Je peux bien sûr essayer d’y mettre un peu plus d’intensité : Aujourd’hui, j’ai cueilli une airelle ! Suivie d’une autre airelle ! Et soudain, je suis tombée sur un merveilleux coin à airelles, elles étaient rouges et brillantes, les plus belles de toutes les airelles, et moi je les cueillais par poignées et… Bon, autant l’avouer, même si je rajoutais du passé simple, des chiasmes et des homéotéleutes ( vous chercherez dans vos dicos… sourire ), il y a de gros risques pour que je vous ennuie. Mais si je vous raconte qu’un mammouth monstrueux a foncé sur moi ?
J’étais tapie dans une fosse gluante creusée pendant la nuit et quand il est arrivé tout près de moi, énorme et terrifiant, j’ai jailli d’un bond. Il a essayé de me donner un coup de défense, bim, parade avec le bâton. Deuxième coup de défense, balayette, clé de bras, je glisse entre ses pattes, je plonge ma lance dans son ventre. Il y a du sang partout, ça jaillit en torrent !
Là, bien sûr, j’ai plus de chances d’avoir votre attention. Là il y a de l’action, du conflit, un héros, c’est formidable. Mais c’est aussi un problème parce que ce type d’histoires n’est que l’histoire du héros.
Réactions mitigées, certaines enthousiastes, d’autres bof, d’autres encore indifférentes au thème développée par l’auteure.
Entre le « pas compris » et « passionnée par le thème » chacune se fera son opinion.
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