« Nina Simone » Gilles Leroy

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Les avis sur le livre étaient partagés et nuancés. Si tous ont été intéressés par ce qu’on pouvait apprendre de la vie de Nina Simone, beaucoup se sont interrogés sur le mélange biographie/fiction qui amène le lecteur à se demander constamment quelle est la part de vérité. La mise au point de l’auteur à ce sujet à la fin du livre ne suffisant pas vraiment.

La discussion a surtout porté sur Nina Simone. Une enfant prodige, soutenue par sa famille et par un groupe de femmes blanches, mais devant travailler sans cesse son piano puis aider son père malade, la crise de 29, un racisme inavoué, bref un début de vie qui a été considéré comme difficile. Une personnalité exigeante dans le travail avec l’idée fixe de devenir la première concertiste classique noire, mais aussi une fragilité qui la rend sensible à la domination d’autrui. Avoir été recalée au Curtis Institute of music semble avoir été la grande rupture de sa vie. Elle l’attribue au racisme. Ayant perdu la possibilité de réaliser son rêve de classique, elle est constamment insatisfaite de ce qu’elle a réussi par la suite, comme si tout était arrivé presque contre son gré. Sa carrière s’est faite sous le double signe de la frustration personnelle et de la malhonnêteté de ses maris, agents et producteurs qui la trompent et l’exploitent.  Une fois abandonné le verre de lait de ses premiers spectacles, elle suit son goût du luxe, du sexe, et de l’alcool. Le diagnostic tardif de sa bipolarité aggrave la situation en lui faisant suivre un traitement, le lithium, incompatible avec l’alcool. Le mouvement pour les droits civiques lui donne l’occasion de participer à une grande cause au côté de Martin Luther King et de James Baldwin. Mais elle finit par quitter les États-Unis, vivant un moment au Liberia, puis en Suisse puis en France. Sa carrière est également sujette à éclipses, parfois dues à son instabilité. 

Le personnage a été jugé diversement, sympathique ou non, touchant certainement, mais surtout malheureuse, pleine de rancœur et de regrets, un destin raté.

D’autres artistes ont été évoqués, Édith Piaf, Don Shirley, Mahalia Jackson, Ella Fitgerald. 

Certains n’ont pas aimé le livre, le trouvant confus. De fait il commence par des scènes de la période française qui donnent une impression négative et ce n’est qu’ensuite qu’on commence à comprendre la vie de Nina Simone, son enfance, etc. Cependant le tout reste difficile à suivre, la chronologie étant bousculée. Une deuxième lecture a été plus agréable. L’évocation de quelques épisodes positifs, la rencontre avec Simone Signoret par exemple a été apprécié. On s’est interrogé aussi sur une certaine complaisance de l’auteur à propos de sa fin de vie.

Nous nous sommes réconfortés en écoutant My Baby just cares for me et Ne me quitte pas….

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